« Apocalipsync », seul en scène humoristique et décalé de Luciano Rosso
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La metteure en scène Agnès Regolo met en scène le texte limpide et caustique d’Howard Barker, qui à travers le destin d’une femme peintre à Venise au temps de la Renaissance dissèque les rapports entre art et pouvoir.
Que vous inspire le personnage central de la pièce, l’artiste Galactia, créé à partir de la peintre Artemisia Gentileschi (1593-1656) ?
Agnès Regolo : Ce qui me plaît particulièrement dans cette représentation féminine, c’est qu’elle ne se limite pas au cadre sentimental et familial, mais rend compte aussi de son implication décisive dans les champs esthétique, politique, éthique. Galactia est en effet chargée d’une commande par le Doge Urgentino : la réalisation d’une fresque de trente mètres célébrant la victoire de la Sainte-Ligue catholique sur l’Empire ottoman lors de la Bataille de Lépante en 1571. Au lieu de glorifier la République de Venise, l’artiste décide de peindre les vies fauchées par l’horreur d’une bataille navale qui fit des dizaines de milliers de victimes. La pièce s’interroge finement sur les conséquences du passage à l’acte, qu’il s’agisse du pouvoir qui ordonne et punit, ou de l’artiste qui se fie à sa liberté. Barker s’empare dans Tableau d’une exécution de deux notions : la réalisation d’une œuvre mais aussi une mise à mort.
Comment appréhendez-vous dans votre mise en scène l’espace-temps créé par Howard Barker, ainsi que ses mots exacerbés ?
A.R. : En situant l’action à Venise au temps de la Renaissance, Barker ne reconstitue pas une période historique. Il s’en inspire et fait coexister notre présent et le passé. Sans fioriture, il va à l’os. Avec une belle équipe de six interprètes drôles et subtils, notre mise en scène s’est appliquée à faire de même, attentive à restituer la vivacité des échanges, la richesse des enjeux et le suspens du récit. Comme souvent dans mon travail, la musique joue un rôle significatif, elle est ici un courant porteur, ce qui à la fois suspend l’action et la précipite. Elle assoit le récit et l’électrise.
Le pouvoir considérable de l’image et son instrumentalisation sont mis en jeu dans la pièce à travers la relation entre l’art et le pouvoir. De quelle manière cette dialectique résonne-t-elle ?
A.R. : Comme l’énonce l’auteur à travers le Doge, « l’art est opinion, et l’opinion est source de toute autorité. » Le pouvoir des images, leur instrumentalisation occupent dans une folle accélération notre actualité. Barker allie sens critique et sens du jeu, il joue avec les mots pour parler du choc des images. Notre travail a essentiellement consisté à faire résonner ces frottements.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 18h45. Relâche les jeudis. Tél. : 04 32 76 24 51. Durée : 1h35.
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