Le Fratellini Circus Tour au Point Fort
Pendant ses travaux de rénovation, l’Académie [...]
Entre sonate d’automne et cantate d’hiver, Stéphane Braunschweig orchestre un hymne à la joie qui dissèque les passions tristes de la neurasthénie et du mécontentement contemporains.
Magnifique plateau recouvert de feuilles mortes, grand banc posé au milieu de ce tapis mordoré : les personnages imaginés par Arne Lygre viennent s’asseoir au bord du vide pour raconter les atermoiements de leur âme, déployer la complexité de leurs affects, raconter comment ils peinent à aimer, et dire la difficulté à être humain dans le cours incertain des saisons conduisant d’incompréhensions en déboires, de difficultés en douleurs, de deuils de l’avenir en désirs moribonds. Conatus en berne et anorexie libidinale : l’ambiance de ces Jours de joie n’est pas à la franche rigolade. On y est triste et élégant comme chez Hammershøi, entre incapacité évanescente à saisir une identité fuyante et peine à convaincre les autres de l’urgence à nouer des liens hors des relations émollientes de l’habitude.
Plongée au fond du gouffre
Les comédiens réunis par Stéphane Braunschweig interprètent magistralement cet hymne contemplatif, que les microscopiques moments de joie éclairent à peine. Sur le banc de la première partie comme sur le canapé de la seconde, même long ennui d’une humanité à la recherche d’elle-même. Virginie Colemyn, Cécile Coustillac, Alexandre Pallu, Pierric Plathier, Lamya Regragui Muzio, Chloé Réjon, Grégoire Tachnakian et Jean-Philippe Vidal sont tous excellents et dessinent avec un soin tout particulier le portrait d’une époque aboulique et angoissée, où même celui qui disparaît ne parvient pas à provoquer l’étincelle disruptive qui viendrait réveiller la léthargie ambiante. Les personnages fantomatiques de cette fresque neurasthénique semblent tous au bout de leur vie, même quand ils en portent la promesse, comme s’ils avaient, à jamais, sombré dans le confinement frileux d’un désespoir qui n’a plus ni le goût ni l’audace de vivre. Force est d’admettre que si Arne Lygre a raison et que le monde ressemble désormais à ce vaste champ de ruines intérieures, mieux vaut le quitter pour aller voir si la vie est ailleurs…
Catherine Robert
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tél. : 01 44 85 40 40. Durée : 2h20.
Pendant ses travaux de rénovation, l’Académie [...]
À partir du texte de Mariette Navarro, [...]
Dans la grande salle du Théâtre de L’Épée de [...]