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Théâtre - Entretien

Célie Pauthe met en scène « Oui » de Thomas Bernhard

Célie Pauthe met en scène « Oui » de Thomas Bernhard - Critique sortie Théâtre Paris Odéon-Théâtre de l’Europe
Célie Pauthe met en scène Oui de Thomas Bernhard CR : Ishaq Ali Anis

Odéon Théâtre de l’Europe / D’après le texte de Thomas Bernhard / Mise en scène de Célie Pauthe

Publié le 25 avril 2024 - N° 321

Après Des arbres à abattre, Célie Pauthe et Claude Duparfait renouent avec Thomas Bernhard via l’adaptation d’un court roman, Oui, au cœur des thématiques de l’auteur autrichien.

Vous vous êtes tournée vers un roman plutôt méconnu de Thomas Bernhard, pourquoi ?

Célie Pauthe : Depuis que j’ai découvert l’œuvre de Thomas Bernhard, il y a presque 30 ans, Oui est un roman qui m’a d’abord bouleversée, puis  hantée. Claude Duparfait est revenu vers moi il y a 2 ans – on avait adapté ensemble Des arbres à abattre – car Thomas Bernhard est un auteur qui nous a toute notre vie accompagnés l’un et l’autre, et il m’a proposé d’y retourner avec ce roman.

Pourquoi ce roman est-il si marquant ?

C.P. : Tout d’abord, parce que c’est un roman coup de poing. Mais aussi parce qu’en le rouvrant toutes ces années après, je me suis rendu compte qu’il va très  loin sur cette question que Bernhard appelle l’être vital : comment on peut sauver l’autre, ou être sauvé par l’autre, comment une rencontre peut rendre une vie respirable. Comme souvent avec Bernhard, on a un narrateur misanthrope qui vit reclus dans une maison entourée d’une forêt en Haute Autriche. Il traverse une des plus graves crises de son existence qui le menace de folie quand arrive cette femme qu’il appelle la Persane.

«  Ce roman va très  loin sur cette question que Bernhard appelle l’être vital : comment on peut sauver l’autre, ou être sauvé par l’autre. »

Qui est cette femme ?

C.P. : Le roman démarre comme un thriller existentiel. Un couple suisse vient acheter un terrain réputé invendable, situé à côté d’un cimetière et marécageux. Elle est d’origine iranienne. Lui est constructeur de centrales électriques. Le narrateur voit immédiatement en elle un être rare, un être artistique, d’une sensibilité extrême. Ils vont se donner rendez-vous pour  des balades en forêt, d’abord silencieuses, puis lors desquelles ils vont converser sur l’Art, Schumann, Schopenhauer… Ils vont se reconnaître l’un dans l’autre. Mais que faire lorsque deux grands blessés de la vie essayent de mettre leurs blessures en commun ?

Quelles difficultés cette adaptation a-t-elle posées ?

C.P. : Ce roman est inspiré d’une histoire vécue par Bernhard. C’est un requiem pour la Persane, un véritable tombeau poétique. Mais nous avons voulu faire vivre cette femme en dehors du prisme de la vision du narrateur/auteur. Nous avons donc décidé de filmer ces balades et Mina Kavani a nourri ce personnage, l’incarne à l’image et a inspiré ses répliques, notamment par l’entremise des écrits de  la poétesse iranienne Forough Farrokhzad.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Oui
du vendredi 24 mai 2024 au samedi 15 juin 2024
Odéon-Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon, 75006 Paris

du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15, relâche le lundi. Tel : 01 44 85 40 40.

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