Speed LevinG

Le directeur de l’ERACM en est persuadé : « la confrontation de jeunes artistes avec d’autres cultures enrichit l’acteur et accélère sa maturité ». Exhortant les élèves de son école à se nourrir des différences et à sortir de l’entre-soi, Didier Abadie ne pouvait que s’enthousiasmer de ce projet international associant jeunes artistes français et israéliens autour de quatre pièces de Hanokh Levin (Une mouche, Etre ou ne pas être, Que d’espoir et Parce que moi aussi je suis un être humain – textes traduits en français par Laurence Sendrowicz et publiés aux Editions Théâtrales) et de diverses chansons extraites de l’œuvre du dramaturge. Tournant en dérision la méthode de rencontre amoureuse du speed dating, ce montage de textes (interprété en français, en hébreu et en anglais, le spectacle est surtitré) passe d’une pièce à l’autre en mettant en regard des solitudes qui se croisent sans jamais aboutir à une relation.

Un cabaret cruel et risible

« C’est une histoire contemporaine cruelle et risible, fait observer le metteur en scène Laurent Brethome. L’histoire d’hommes et de femmes qui n’aspirent qu’à une chose : trouver un conjoint ou une conjointe pour être sûr d’avoir quelqu’un qui pleurera derrière son cercueil le jour de son enterrement. » Entre les débordements de l’amour et les engloutissements de la mort – deux thèmes fondamentaux dans le théâtre existentiel et politique de Hanokh Levin (1943-1999) – Speed LevinG cherche à nous entraîner au croisement de la drôlerie, du sublime et du grotesque. Cela, en prenant ses distances avec les stéréotypes clinquants du music-hall. Spectacle créé dans la cadre de la Saison France-Israël 2018, ce cabaret fait le pari d’une monstruosité décalée. Il nous invite dans un univers au sein duquel « la banalité du quotidien se transforme en ballet insensé ».

Manuel Piolat Soleymat