Sous les fleurs de la forêt de cerisiers

Chaque pays aujourd’hui considéré comme puissant ne s’est-il pas constitué en s’appropriant des territoires étrangers et en imposant une version de l’histoire servant ses intérêts ? C’est la question que pose Hideki Noda (né en 1955) dans Sous les fleurs de la forêt de cerisiers, œuvre-phare de l’auteur-metteur en scène (créée en 1989, puis reprise en 1992 et 2001), qui déploie une réflexion métaphorique sur l’Etat et les enjeux de pouvoir. Partant de deux courts textes de l’écrivain Ango Sakaguchi (1906-1955), Hideki Noda a élaboré un conte fantastique évoquant la première guerre de succession de l’histoire du Japon – qui eut lieu à la fin du VIIème siècle – à travers l’existence de deux princesses jumelles.

 La beauté, la folie, la mort…

Yonagahime et Hayanehime ont seize ans. A l’occasion de leur anniversaire, leur père organise un concours de sculpture visant à édifier des statues du Bouddha qui les protègeront. Pour arriver jusqu’à leur seigneur, les maîtres-artisans sélectionnés doivent traverser une forêt de cerisiers, symbole de beauté, mais aussi de folie et de mort… Réunissant sur scène une trentaine d’interprètes, le directeur artistique du Tokyo Metropolitan Theatre crée une représentation à grand spectacle dont les tableaux convoquent des images féériques et maléfiques. Contrairement à Egg qui, en 2015, décrivait la réalité du Japon contemporain, Sous les fleurs de la forêt de cerisiers nous fait voyager jusqu’aux origines du pays. Un voyage riche en souffles, en mouvements et en imaginaire.

Manuel Piolat Soleymat