Le collectif Berlin crée “The making of Berlin”, un portrait qui mêle des narrations plurielles
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De « La pièce écossaise », la metteuse en scène Silvia Costa propose une épure dans la veine de ce théâtre visuel et poétique, symbolique, qui fait sa signature. Portée par une brillante adaptation qui concentre le jeu sur les principales figures du plus ténébreux des poèmes dramatiques shakespeariens, sa mise en scène très chorégraphiée ne parvient pas à totalement convaincre.
Un goût pour tout ce qui échappe à la logique et à la rationalité a invité la metteuse en scène Silvia Costa à élire, dans le répertoire shakespearien, la pièce maudite, celle qui attachée à une vivace superstition est aussi celle dont « on ne prononce jamais le nom ». « J’aime me perdre dans des mondes irrationnels et Macbeth est une pièce où l’irrationnel est omniprésent » note-t-elle. Cette prédilection trouve à se concrétiser dans l’adaptation très pertinente dont elle est également l’autrice. En resserrant l’intrigue sur les personnages centraux – le couple régicide, Macbeth et Lady Macbeth, le roi Duncan, l’honnête Macduff, le fidèle Banco -, la metteuse en scène taille, sur mesure, une place de premier plan aux trois sorcières. Les « sœurs infernales » ne se réapproprient pas seulement les rôles secondaires, elles sont l’expression des hallucinations dont Macbeth est la proie ; elles occupent et saturent l’espace. Quant à Lady Macbeth, dont Silvia Costa revalorise le fascinant rôle d’instigatrice des actes meurtriers perpétrés par son mari, elle prend figure comme comparse de cette engeance maléfique. En témoigne la saisissante entrée en matière.
Une mise en scène chorégraphiée à l’extrême
Assise sous le portrait de son mari, portrait qui finira lacéré par deux coups de couteau portés par une main invisible, Lady Macbeth (troublante Julie Sicard), la face enfouie dans sa chevelure renversée et dépeignée, arrache ses cheveux. Méthodiquement et par poignée. Elle est cette quatrième sœur fatale, harpie manipulatrice, qui arme le bras de Macbeth. L’intéressant parti pris rencontre néanmoins ses limites dans un certain affadissement du rôle du personnage éponyme, en dépit de l’excellente prestation de Noam Morgensztern. À cette difficulté s’ajoute celle d’une mise en scène épurée, et chorégraphiée à l’extrême, à l’origine d’un certain nombre de lourdeurs scéniques qui ralentissent la dynamique propre au développement de l’intrigue shakespearienne. La volonté si louable de donner toute son ampleur à la poésie de la traduction d’Yves Bonnefoy, d’en faire entendre toutes les subtilités, ménage des pauses qui lestent le rythme. L’ensemble ne parvient pas à saisir le glissement progressif du couple régicide vers la folie et peine à mettre le plateau sous tension. Reste la grande beauté plastique d’une scénographie dont les trouvailles et les évocations, soutenues par la puissance de la bande son originale et l’ingéniosité des jeux de lumières, ensorcellent le plateau.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Matinées à 14h, soirées à 20h30. Calendrier détaillé sur le site comédie-francaise.fr. Durée : 2h30. Tél : 01 44 58 15 15.
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