La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2022 - Entretien / Maud Le Pladec

Silent Legacy de Maud Le Pladec

Silent Legacy de Maud Le Pladec - Critique sortie Avignon / 2022 Avignon Festival d’Avignon. Cloître des Célestins
Nicolas Despis / Maud Le Pladec crée Silent Legacy au Cloître des Célestins

Cloître des Célestins

Publié le 26 juin 2022 - N° 301

Maud Le Pladec s’attache à une forme sensible et intime pour un dialogue entre deux générations de danseuses.

Cette création semble centrée sur ses deux interprètes. En quoi ces deux danseuses ont-elles influencé la création ?

Maud Le Pladec : C’est en effet avant tout ma rencontre avec les interprètes, et celle entre ces deux jeunes femmes, qui ont été décisives. La première avec Audrey Merilus, une danseuse de 25 ans avec qui j’avais déjà travaillé, et qui va tenir le deuxième solo dans cette création en trois volets. Et la seconde avec Adeline, une jeune krumpeuse montréalaise de presque huit ans. Découverte dans un film produit par le chorégraphe Jacob Jonas, j’ai été subjuguée par sa manière de danser, sa maturité et sa performativité. C’était aussi pour moi une rencontre avec une discipline artistique éloignée de ma culture de danse, et avec toute une communauté qui gravite autour d’elle, comme avec West (Jr Maddripp), son mentor qui co-signe avec moi le solo d’Adeline. Dans cette pièce, on est entre danse, sport, sociologie de genre, puisqu’il s’agit de faire les portraits de ces deux jeunes femmes. Je travaille avec elles et avec le terrain qu’elles occupent dans leur vie. Pourquoi la danse ? Comment en sont-elles arrivées là ? Comment se fait-il qu’une petite fille blanche, loin des ghettos, s’intéresse à une danse dont l’origine est cette douleur liée aux émeutes des années 2000 et de la communauté noire américaine ? Ce sont les parcours de ces deux danseuses qui m’intéressaient, par juxtaposition, avec des points de connivence mais aussi de divergence du fait de leur origine ethnique, sociale, avec des similitudes de parcours alors que tout les oppose.

Qu’est-ce qui caractérise Audrey ?

M.L.P. : Audrey est une jeune femme racisée née en banlieue parisienne, mais qui a fait le parcours type de la danseuse académique : conservatoire supérieur de Lyon, école P.A.R.T.S., collaboration avec Anne Teresa de Keersmaeker… Elle appartient à la culture de la danse contemporaine, ce qui a été sa façon de s’émanciper d’un milieu.

« De multiples approches à la fois sensibles et thématiques se confrontent dans ce projet. »

Dans le processus, en les questionnant, s’agissait-il d’un travail documentaire ?

M.L.P. : Non, même si j’utilise le dialogue et le partage de récits. Je passe par le sensible et le poétique pour parler de la lutte, de l’émancipation, de la discipline de la danse comme une forme d’enfermement, et de l’héritage comme un don, mais aussi comme une dette. C’est complexe, empirique et intime. Je continue à mettre au profit de ce projet tout ce qui m’habite, que ce soit autour de la musique, de la place des femmes, de la danse comme quelque chose qui construit et qui enferme dans des codes. De multiples approches à la fois sensibles et thématiques se confrontent dans ce projet.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Silent Legacy
du mercredi 20 juillet 2022 au mardi 26 juillet 2022
Festival d’Avignon. Cloître des Célestins
Place des Corps Saints

à 22h, relâche les 23 et 24 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h.

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