La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2013 - Entretien Dieudonné Niangouna

Shéda, une quête d’humanité à partir du chaos

Shéda, une quête d’humanité à partir du chaos - Critique sortie Avignon / 2013 Avignon Carrière de Boulbon
© Christian Wilmart

Carrière de Boulbon / Shéda / texte et mes Dieudonné Niangouna

Publié le 27 juin 2013 - N° 211

L’auteur, metteur en scène et acteur Dieudonné Niangouna, déjà accueilli au Festival avec Attitude Clando (2007) et Les Inepties Volantes (2009), artiste associé de cette édition 2013 avec Stanislas Nordey, crée une vaste fresque métaphorique en forme de quête d’humanité. 

« La pièce met en scène une suite de batailles et de rituels qui déverrouillent l’humanité qui sommeille en soi. » 

Qu’est-ce qui est à l’origine de Shéda ?

Dieudonné Niangouna : Je porte ce projet en moi depuis 2001, mais je n’ai jusqu’ici pas eu la possibilité de le monter. La pièce s’articule autour d’une question centrale : la force qui manque aux faibles pour survivre et la faiblesse qui manque aux forts pour redevenir humains. Cette vaste fresque se déroule dans un lieu indéterminé et inconnu, dans  un désert de pierre sous un soleil aride où il pleut de la boue. Les gens qui sont là ont chuté du ciel, d’un ailleurs, viennent d’espaces et de temps différents, – d’Europe, d’Afrique, de l’Histoire médiévale… -, et tous se confrontent à la difficulté de vivre dans cet endroit-là. Ils doivent puiser en eux la force de survivre dans ce lieu extrême, et ce défi, cette lutte qui les oblige à une forme de courage les rend insensibles. Dans une seconde partie s’amorce une sorte de “contre rituel“, consistant à combattre sa propre force pour débusquer sa fragilité.  A partir de cette fragilité une espèce de  thaumaturgie se met en place. De manière très organique, très charnelle, la pièce met en scène une suite de batailles et de rituels qui déverrouillent l’humanité qui sommeille en soi.

Qui sont les personnages ? Le spectateur les reconnaît-il ?

D. N. : Douze comédiens (ndlr dont Dieudonné Niangouna) et deux musiciens interprètent une quarantaine de personnages, très typés, souvent excessifs, qui sont là du début à la fin et que le spectateur reconnaît une fois qu’il les a rencontrés. De nombreuses histoires et intrigues se conjuguent et se structurent autour de la quête d’humanité qui parcourt Shéda. Shéda est la compilation de deux mots swahili : “shéta“ qui signifie le diable et “shida“ qui signifie transaction louche ou deal. Est-ce une transaction avec le diable qui est au cœur de la pièce ? Chacun imagine la composition qu’il veut. Les personnages traversent un long rituel et renouent avec leur fibre humaine.

La carrière a-t-elle déterminé votre mise en scène ?

D. N. : La carrière est un piège, un monstre ! Nous ne cherchons pas à la dompter. Nous jouons donc avec la carrière : si on s’en sert trop, elle nous écrase, si on ne s’en sert pas, elle se retourne contre nous. Le lieu où se déroule la pièce, “Kakuma“, signifie nulle part en swahili. Un camp de réfugiés du même nom aux conditions de vie épouvantables existe d’ailleurs au Kenya depuis 1992…

Vous participez à d’autres spectacles…

D. N. : J’ai écrit un texte pour DeLavallet Bidiefono, qui réalise un spectacle de danse contemporaine. Je participe aussi à Sans Doute de Jean-Paul Delore, compagnon de route depuis 1996 dans divers endroits du monde.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Shéda
du dimanche 7 juillet 2013 au lundi 15 juillet 2013
Carrière de Boulbon
Z.A. du Colombier, Boulbon

Carrière de Boulbon. Du 7 au 15 juillet à 21, relâche le 10. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 4h avec entracte.
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