« Tendre Carcasse » d’ Arthur Pérole
Arthur Pérole réunit quatre jeunes [...]
Avignon / 2024 - Entretien / Lola Arias
Dans Los días afuera, l’autrice, metteure en scène et réalisatrice argentine Lola Arias met en scène un groupe de femmes et de personnes transgenres sorties de prisons. La comédie musicale, qu’elles s’approprient librement, leur permet de penser et raconter leur vie présente et d’imaginer le futur.
Los días afuera n’est pas votre première création avec les six personnes que vous y mettez en scène. Elles sont aussi présentes dans votre film REAS dont la première a eu lieu en février 2024 à la Berlinale. Pourquoi poursuivre avec ces interprètes ?
Lola Arias : Ma rencontre avec ces personnes date de cinq ans, dans le cadre de workshops que je donnais dans des prisons à Buenos Aires, où je travaillais à la fois théâtre et cinéma. Nous avons commencé un film en prison, mais la pandémie est arrivée et nous avons dû arrêter. Ce n’est qu’en 2022-2023 que nous avons pu reprendre, dans une direction différente, en filmant dans une ancienne prison. À l’issue de ce tournage qui a été une expérience forte, tous les participants et participantes m’ont demandé : et après ? Faire de l’art a une telle importance pour eux que ce fut évident pour moi, il fallait continuer de travailler ensemble. Après le film, viendrait la pièce de théâtre.
Les interprètes reconstituaient dans le film leur expérience de détention, et se concentrent dans la pièce sur leur présent et leur avenir. Quels sont-ils ?
L.A. : La vie d’ex-détenu tient souvent de la survie, en particulier pour les femmes et les personnes transgenres, de plus en plus nombreuses dans les prisons argentines. Une nouvelle loi contre le trafic de drogue, qui touche les petits revendeurs et non les grands trafiquants, est en partie responsable de cette situation. En sortant, tout est difficile : le retour à la famille, au quartier, la recherche d’un emploi, d’un logement… Si bien que beaucoup reviennent à ce qui a causé leur condamnation. C’est cela que raconte Los días afuera.
Cette expérience est loin d’être la première que vous menez avec des personnes venant d’autres horizons que le théâtre. Pour chaque aventure, vous imaginez un dispositif. Ici, la comédie musicale, pour quelle raison ?
L.A. : Les personnes détenues ont un grand besoin de moyens d’expression pour libérer leur corps et leurs émotions. La musique, le chant et la danse ont une grande importance dans le quotidien de la prison. Deux des six interprètes faisaient d’ailleurs partie d’un groupe de musique en prison. Je me suis donc assez naturellement tournée vers ce genre, en en détournant les codes car les mondes marginaux y sont en général représentés de manière stylisée et romantique, par des interprètes vertueux et virtuoses. Là, nous partons vraiment de ce que sont les personnes, de leurs vies, de leurs goûts musicaux pour construire la pièce.
Qu’ont selon vous à nous dire ces personnes que nous n’aurions certainement pu rencontrer sans votre pièce ?
L.A. : On ne pense pas aux personnes qui sont en prison. On se dit peu aussi que si le système carcéral ne cesse de se développer en Argentine et partout dans le monde, c’est d’abord parce que de plus en plus de personnes sont exclues de nos sociétés. Il me semble que la pièce confronte le spectateur à ces réalités, non pas avec colère et amertume mais au contraire avec beaucoup de joie car nos six interprètes en ont à revendre et que surtout il ne s’agit pas de les stigmatiser une seconde fois. Le film comme la pièce représentent énormément pour l’équipe, et aller à Avignon est un rêve. Le théâtre, dans ce cas, peut vraiment changer le futur…
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 18h. Relâche le 6. Durée : 1h45. Tel : 04 90 14 14 14.
Arthur Pérole réunit quatre jeunes [...]
Après le succès d’Être, la jeune compagnie [...]
Comment être une guerrière aujourd’hui ? Ava [...]