La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre

Rostam et Sohrâb

Rostam et Sohrâb - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Epée de Bois
Crédit photo : Agathe Poupeney Légende photo : Vincent Bernard et Marion Denys dans Rostam et Sohrâb.

Publié le 5 septembre 2012 - N° 201

Farid Paya, grand amoureux des mythes et des sagas, signe une tragédie épique d’après Le Livre des rois, du poète iranien Ferdowsi, rendant hommage et visibilité à cette œuvre immense.

Plateau nu, simple estrade en fond de scène pour suggérer le trône des rois ou le môle des batailles, bois brut : sur ce décor, se détachent la richesse des costumes chatoyants d’Evelyne Guillin et le magnifique tapis suspendu, aux broderies délicates, que Farid Paya a rapporté d’un de ses voyages en Inde. Comme toujours, le metteur en scène joue des contrastes pour évoquer le monde extraordinaire des légendes, dont il est un des plus précis spécialistes. Malgré les déboires qu’il a subis avec courage, en dépit de la fermeture du Théâtre du Lierre, qui l’a privé de son outil, Farid Paya, artisan entêté, continue obstinément son œuvre de créateur. Adepte d’un théâtre fidèle à son essence, il raconte à la communauté assemblée l’histoire de ses origines et la nature de l’espèce humaine. L’humilité revendiquée des moyens et la volonté d’un art sans affèteries confient aux comédiens la tâche de faire naître, par la seule puissance du jeu, l’univers merveilleux dont la scène devient le cadre.

Retour aux sources

Après avoir pérégriné parmi toutes les légendes du monde, de la Mésopotamie à la Grèce, Farid Paya s’empare cette fois-ci du Shâh-Nâmeh, Le Livre des rois, composé il y a dix siècles par le grand poète persan Ferdowsi, qui y a transcrit toute la mythologie iranienne. Rostam et Sohrâb raconte un des épisodes du Shâh-Nâmeh, celui où Sohrâb, l’enfant guerrier né de l’union entre Rostam, le soldat le plus valeureux, et Tahmineh, la plus sage et la plus belle des princesses, cherche son père dans les rangs de l’armée ennemie. L’issue du combat singulier entre les deux champions offre au père une victoire amère, puisqu’il tue son fils. Rostam, invaincu, est en même temps terrassé par la pire des douleurs : celle qui inverse l’ordre du temps en faisant mourir la jeunesse avant l’âge mûr. Les comédiens de la compagnie du Lierre incarnent les héros de cette Perse mythique avec autant de précision que de fougue, faisant naître des tableaux captivants. Face au récit de l’enfance du monde et à la tragédie de ce fils grandi trop vite et trop tôt trépassé, le spectateur retrouve la joie fascinée de sa propre enfance. Farid Paya sait raconter des histoires : « Je raconterai de toutes les façons possibles car l’important pour moi est de raconter les choses aux autres, à ceux qui écoutent. », disait Giorgio Strehler.

 

Catherine Robert

A propos de l'événement

Rostam et Sohrâb
du mercredi 26 septembre 2012 au dimanche 28 octobre 2012
Théâtre de l’Epée de Bois
route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris

Du mercredi au samedi à 21h ; le dimanche à 18h. Tél. : 01 48 08 39 74. Durée : 2h.
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