Descendre du cheval pour cueillir des fleurs de Fanny Gayard
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Une flamboyante critique de la raison technicienne porte cette très libre réécriture de La Tempête shakespearienne. Le spectacle fleuve, lyrique, prend la dimension d’un conte théâtral où le héros Prospero, magicien de son état, devient l’incarnation de l’aspiration prométhéenne occidentale.
« J’ai toujours aimé la fable merveilleuse de La Tempête pour sa dimension métaphorique du dialogue Nord/Sud, pour sa description des rapports parents/enfants et pour la place donnée à la musique, complice des illusions de Prospero. » explique Jean Boillot, metteur en scène et directeur du Nord-Est Théâtre (NEST), CDN transfrontalier de Thionville-Grand Est. Cet amateur de théâtre épique a trouvé de longue date un complice, l’auteur Jean-Marie Piemme, aujourd’hui artiste associé du NEST, pour se lancer dans l’aventure d’une réécriture de cette robinsonnade shakespearienne. Le potentiel mythique des personnages de cette pièce singulière, plurivoque par excellence, est poussé à l’extrême. La figure de Prospero, l’exilé, magicien échoué sur une île surnaturelle, prend une dimension prométhéenne sur le fond d’une thématique centrale, très contemporaine : « les possibilités de transformation de l’homme et de son milieu par les sciences et les technologies (…), le rêve d’un homme augmenté, rêve de laisser le pouvoir de tuer la mort en héritage à l’humanité ». La mise en scène joue de ce flirt entre l’utopie et la dystopie transhumaniste en quatre tableaux orchestrant le passage de l’illusion à la désillusion, du rêve au cauchemar in fine contrarié.
Une fantaisie épique
La dramaturgie resserre l’intrigue sur six acteurs (Régis Laroche, Philippe Lardaud, Isabelle Ronayette, Nikita Faulon, Axel Mandron, Cyrielle Rayet) auxquels il est beaucoup demandé et qui donnent beaucoup. Les tableaux très colorés multiplient les effets scéniques – soulignés par les savants jeux de lumières d’Ivan Mathis – dans des décors empruntant à des registres variés, allant des paillettes du music-hall jusqu’aux formes antiques néo-classiques. Les décors en carton-pâte poussent la fable dans les retranchements du merveilleux, de l’onirique, du surréalisme. Les costumes imaginés par Pauline Pô expriment aussi cette hybridation fantaisiste avec beaucoup d’inspiration. Egalement inspirée, la partition musicale signée par Jonathan Pontier donne à cette fable dramatique aux dimensions épiques son rythme et sa tonalité hors-normes, que la présence sur scène de la soprano Géraldine Keller et des percussionnistes Lucie Delmas et Mathilde Dambricourt exalte. Les centres d’intérêt sont démultipliés qui, chacun, accroche le spectateur, mais peut-être que le spectacle gagnerait à mieux les arraisonner et à resserrer davantage le propos.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les lundis et vendredis à 20h, les mardis, les jeudis et samedis à 19h. Relâches les mercredis et dimanches. Tél : 01 43 13 50 60.
Spectacle vu au NEST- CDN transfrontalier de Thionville- Grand Est. En tournée à partir de janvier 2020.
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