La Cie La Fraze porte sur scène la subtile vérité de « La Trace des Passants »
La Trace des Passants, épopée relationnelle [...]
Sur le plateau de Théâtre Ouvert, Amandine Grousson, Cécile Mourier et Mécistée Rhea incarnent magnifiquement trois femmes qui inventent, ensemble, les paysages kaléidoscopiques d’une existence après le viol. C’est Requin Velours, de la jeune autrice et metteuse en scène Gaëlle Axelbrun : une révélation.
Elle s’appelle Gaëlle Axelbrun. Elle est âgée de 27 ans, vit dans la capitale alsacienne, où sa compagnie, Sorry Mom, est associée au TAPS (Théâtre actuel et public de Strasbourg). C’est dans cette institution qu’a été créé Requin Velours, le 8 octobre dernier, spectacle dont la jeune artiste pluridisciplinaire signe le texte (édité aux Éditions Théâtrales), la mise en scène et la scénographie. Aujourd’hui, il est possible de découvrir cette proposition, d’une maîtrise formelle et d’une puissance sensible qui en imposent, sur le plateau de Théâtre Ouvert. On sort de cette création rempli d’une joie à la fois douce et vigoureuse. La joie d’avoir été touché par la générosité d’une représentation offrant en partage la poésie de ses échappées oniriques, la clarté de ses points de vue politiques, la profondeur d’un geste théâtral qui invite à faire communauté avec ses trois admirables interprètes. Ce qui nous est transmis par Amandine Grousson, Cécile Mourier et Mécistée Rhea n’est pas rien. C’est même une chose assez rare : la force d’un lien qui s’instaure aux premiers instants de la représentation. Ce lien nous transporte au cœur d’une histoire d’amitié, d’amour et de sororité. Une histoire à la portée universelle qui pose la question de la réparation, après un viol.
Une expérience collective
Le chemin de justice que trace Requin Velours se vit collectivement. Il est fait de mots, de récits éclatés, de temporalités trouées, de rêveries sous-marines, de tableaux chorégraphiques, de fictions cathartiques, de réflexions sur les conditionnements de genre… Au sein d’un espace de jeu trifrontal, les trois personnages de la pièce sont continuellement en mouvement. Elles passent de l’intérieur à l’extérieur d’un ring, jouent avec ses cordes, au plus près des spectatrices et spectateurs embarqués dans cette avancée vers la reconstruction. Présentons ces trois femmes si touchantes. Il y a Roxane qui, un après-midi d’été, est victime d’un viol. Le soir même, elle fait la connaissance de deux musiciennes, Kenza et Joy, à l’intérieur d’un bar. Elle sympathise avec elles, tombe amoureuse de Joy, leur raconte les faits graves qu’elle a subi. Roxane choisit de se réapproprier son corps en se prostituant. A l’aide de ses deux complices, elle vit et revit son histoire, déboulonnant au passage les impératifs du réel et les prérogatives du patriarcat. A la fois crues et incroyablement délicates, ces aventures nous soulèvent et nous engagent. Car nous emportons avec nous, en nous, à l’extérieur de l’enceinte du théâtre, un peu de l’évidence lumineuse qui nourrit l’écriture scénique et textuelle de Gaëlle Axelbrun.
Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au mercredi à 19h30, le jeudi et le vendredi à 20h30, le samedi à 18h. Tél. : 01 42 55 55 50. www.theatre-ouvert.com. Durée : 1h35. Spectacle déconseillé aux moins de 16 ans.Également du 25 au 27 mars 2025 au Théâtre du Point du Jour à Lyon, les 29 et 30 mars WET Festival à Tours.
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