Laëtitia Guédon crée « Même si le monde meurt », conte dystopique commandé à Laurent Gaudé, avec la troupe éphémère de l’AtelierCité
Avec la troupe éphémère de l’AtelierCité à [...]
Quand les illusions s’écroulent, rêves et cauchemars se mêlent. De Walt Disney à Hitler, ici, il n’y a ici qu’un pas, celui d’une Grande Dépression. Parfois tirée par les cheveux, mais joliment orchestrée par Aymeline Alix.
Qu’est-ce qui peut réunir Adolf Hitler et Walt Disney ? A priori rien. Tout les opposerait même. Sauf qu’ils sont tous deux produits de la Grande Dépression. 1929, le Black Thursday, Wall Street s’effondre et entraîne la planète dans la crise. Pas loin d’un siècle plus tard, un jeune homme traverse aussi la sienne, de dépression. La faute à un monde qui court à sa perte. Quelles raisons a-t-on d’espérer aujourd’hui ? Faut-il faire taire son pessimisme à coups d’anxiolytiques ou s’attaquer à ce qui nous menace ? Notre dépressif choisit la deuxième solution via un « théâtre magique », une fantaisie mentale dans laquelle il reconstitue l’envers du décor du monde merveilleux de Walt Disney, comme une métaphore du bonheur factice de cette société capitaliste à laquelle on a voulu nous faire croire. Création du personnage de Mickey Mouse, coup de génie du premier long métrage animé avec Blanche-neige, divertissement de masse pour faire rêver les Américains pendant la guerre, opposition syndicale, maccarthysme, création de produits dérivés, de Disneyland et méthodes de management d’Eurodisney y croisent quelques connivences avec les nazis. Tout n’est pas rose, on le savait déjà, dans le monde merveilleux de Walt Disney. Mais sous la plume documentée de Raphaël Gautier, l’envers du décor se révèle parfois cauchemardesque, tout autant que surprenant.
Mise en scène simple et efficace
Jeune trentenaire, historien passé par l’ENS et l’ENSATT, ce dernier signe un texte que l’équipe d’Aymeline Alix porte avec énergie. Avec cette deuxième création, la metteuse en scène établie en Normandie, après [Presque égal à] de Jonas Hansen Khemiri, poursuit sa quête sur le chemin des écritures contemporaines et politiques, qui visent à poser sur notre monde un regard critique et instructif. Dans sa forme de théâtre récit, qui raconte les actions qui se jouent – forme qui a tendance à surligner les intentions –, La Grande Dépression part un peu dans tous les sens, en mode cherry picking dans son obsession anti Disney. Mais pourquoi pas. Avec plus de quarante personnages, l’action rebondit sans cesse dans la fluidité d’une mise en scène simple et efficace. Entre Walter Disney, Leni Riefenstahl, Werner von Braun, Adolf Hitler, Kay Kamen, une psy, un voisin, des intermittents et des visiteurs d’Eurodisney, le jeune dépressif agite devant les spectateurs étonnés tout un univers qui mêle Histoire et imaginaire, et dessillera qui se fait encore des illusions sur notre temps présent. Heureusement, tandis que se profilent des futurs déprimants, qu’il reste encore le théâtre pour refaire le monde.
Eric Demey
Du 8 mars au 6 avril, du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Relâche le lundi. Tel : 01 43 28 36 36. Spectacle vu au Trident, Scène Nationale de Cherbourg. Durée : 1h30.
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