Danses partagées
Le Centre national de la danse s’ouvre aux [...]
Une œuvre de gestes et de voix, où le souffle et le mouvement se mêlent et portent trois danseurs dans un voyage inspiré et mystérieux.
D’abord le lieu, comme une cour intérieure, une ruelle étroite, une impasse où sommeillent les ombres. Les murs sont décrépis, un semblant d’échafaudage supporte une façade. Mais déjà une rumeur se fait sentir et l’espace inhabité prend vie à mesure que retentit le chant soufi : des souffles et des voix qui s’emmêlent et donnent une profondeur à l’espace, une épaisseur au calme apparent du site. Les cinq chanteurs et musiciens laissent derrière eux une atmosphère mystérieuse, presque mystique, portée par le répertoire soufi tunisien. Avec eux débarquent trois hommes dont les attitudes tranchent avec la ligne lancinante des voix : ils abordent le plateau chacun à leur façon, posément, obscurément ou follement.
Rayah, comme une errance, un voyage
Les frères Ali et Hèdi Thabet ont réussi à travers cette collaboration à poser un véritable univers : ni vraiment chorégraphique, ni tout à fait circassien, le travail n’a pas la prétention de révolutionner les écritures. Pourtant, il émane de cette pièce une magnifique unité, autour du mouvement, des flux et de la circulation entre danse, acrobatie et musique. On se laisse alors facilement porter, voire transporter, par les élans des corps et par la transe. L’espace se transforme via les acrobaties au sol ou sur les toits, balayant nos repères quant aux lois de la gravité et aux possibilités du corps. Au final, c’est une poésie toute singulière qui s’échappe et illumine cette zone d’errance, comme une parenthèse tournée vers l’harmonie.
Nathalie Yokel
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