« L’œil nu » : Maud Blandel lie beauté, étrangeté et gravité dans une création en appui sur six danseurs
La chorégraphe suisse lie la beauté, [...]
Danse - Entretien / Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane poursuit sa recherche sur la force du groupe et le geste aérien et crée Contre-nature, un spectacle qui célèbre la présence vivace de nos fantômes, de nos disparus.
Quel est le thème de votre prochaine création ?
Rachid Ouramdane : Un spectacle naît souvent des précédents et j’ai beaucoup travaillé ces dernières années le motif du groupe en mouvement, avec l’envie de mettre en avant la façon dont nous nous réalisons par le collectif. Ce qui permet le dépassement de soi si nous croyons en toutes nos altérités, en tous nos échanges avec ce qui nous entoure. Cela m’a amené à réfléchir à la réalisation de mouvements qui ne sont possibles que grâce à d’autres, à l’émotion que recèlent les chorégraphies reposant sur des gestes de soutien, de solidarité, d’attention extrême au corps de l’autre. Avec Contre-nature j’inverse un peu les choses puisqu’il s’agit cette fois de montrer comment l’on reste fait des autres même quand nous nous retrouvons seuls, comment nous sommes habités, construits par les autres, même s’ils ne sont plus là.
Pourquoi ce titre, Contre-nature ?
R.O. : Comme pour tous mes spectacles, au-delà d’une réflexion formelle et esthétique il y a l’intime, un sous-texte. J’ai appelé celui-ci Contre-nature car j’ai perdu un jeune frère. Quand les plus jeunes s’en vont avant les aînés, ce n’est pas dans l’ordre des choses. Et comme la mort n’est pas l’expérience du disparu mais celle des vivants, cela entraîne une forme d’apprentissage, nous amène à chercher des réponses en pensant à la personne disparue. Cela peut paraître nostalgique ou mélancolique mais il s’agit pourtant de faire face au présent, au vivant. C’est ce qui m’a amené à réfléchir à un spectacle fait de fantômes, avec des personnes au plateau qui réussissent à réaliser des choses grâce à d’autres mais qui continuent lorsque ces derniers ne sont plus là.
Quelle est la scénographie de ce spectacle ?
R.O. : Nous avons créé avec Sylvain Giraudeau une scénographie faite de brume sur laquelle sont projetés des images, des paysages, qui constituent des sortes de mirages qui à peine apparus s’évaporent. Nous avons également créé une sorte de béance dont l’obscurité happe, engloutit les interprètes.
Propos recueillis par Delphine Baffour
Le 6 novembre à 20h30, les 7, 8, 12, 13, 14 et 15 à 19h30, les 9 et 16 novembre à 17h, le 17 novembre à 15h. Tél. 01 53 65 30 00. Durée : 1h.
Également le 1er décembre au Palais des Festivals de Cannes, le 10 décembre au Grand R, La Roche-sur-Yon, du 17 au 20 décembre à Bonlieu, Annecy, le 15 janvier à l’Opéra de Dijon, le 17 janvier au Théâtre Edwige Feuillère, Vesoul, du 22 au 23 mai au Théâtre d’Orléans.
La chorégraphe suisse lie la beauté, [...]