Little Joe / New York 68
Pierre Maillet adapte au théâtre les deux [...]
Se confrontant aux problématiques de la société libanaise, le théâtre de Rabih Mroué investit des champs de questionnements à la fois citoyens et artistiques. Le Festival d’Automne présente deux de ses créations : Qui a peur de la représentation ? et Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril.
« Je pense que la meilleure manière de faire, assure Rabih Mroué, est de réfléchir soi-même en tant qu’artiste, (…) de questionner et remettre en question toutes les normes, les stéréotypes et les clichés que l’on peut avoir. La principale personne à laquelle s’adressent les pièces que je fais, c’est donc moi-même. » Ces explorations et ces remises en question, l’auteur, comédien et metteur en scène libanais les approfondit à travers des formes mêlant fiction et réalité, flirtant avec l’idée de performance, des gestes de recherche conçus comme autant de pistes visant à redéfinir ce que peut être, aujourd’hui, le théâtre. Réflexions sur le rôle de l’artiste et la place de l’individu dans un Liban entièrement soumis à l’emprise des confessions religieuses, sur la manière de représenter le corps sur scène : le théâtre de Rabih Mroué est un théâtre engagé voulant placer en son centre le langage, au détriment de l’image ou de l’action.
Le pouvoir politique des mots
Ainsi, dans Qui a peur de la représentation ? et Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril, Rabih Mroué et sa complice Lina Saneh évoquent avec ironie, liberté et audace les nombreuses meurtrissures de la société libanaise, son rapport à la culture, ses guerres fratricides, sa violence omniprésente qui, au sein de ces deux créations, s’exprime exclusivement par le biais du langage. Car « il n’y a pas d’action dans ces pièces, explique l’artiste né à Beyrouth en 1967, seulement des gens qui parlent d’action, comme si cette action allait advenir — ou bien s’était déjà produite. (…) A une époque, nous nous montrions très méfiants à l’égard du texte de théâtre, et étions plutôt à la recherche de choses visuelles, physiques. Aujourd’hui, nous pensons qu’il est beaucoup plus puissant d’utiliser le langage, et en un sens, beaucoup plus politique. »
Manuel Piolat Soleymat
Qui a peur de la représentation ? (spectacle en arabe et français, surtitré en français), écriture et direction de Rabih Mroué. Du 26 au 29 septembre 2007 à 20h30. Centre Pompidou, place Georges Pompidou, 75004 Paris.
Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril (spectacle en arabe surtitré en français), de Fadi Toufic et Rabih Mroué ; mise en scène de Rabih Mroué. Du 8 au 14 octobre 2007 à 20h00 (le dimanche à 17h30), au Théâtre de la Cité Internationale, 17, boulevard Jourdan, 75014 Paris. Le 20 octobre à 19h00 et le 21 octobre à 16h00, à La Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne-la-Vallée, allée de la Ferme, 77186 Noisel.
Renseignements et réservations au 01 53 45 17 17.
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