Du sang sur mes lèvres
Angélique Friant s’inspire d’une nouvelle [...]
Suivant leur habituel processus de création collective, Adrien Béal et le Théâtre Déplié créent Perdu connaissance, une pièce qui explore notre rapport à la vérité.
Pourquoi dites-vous de cette pièce qu’elle cherche à interroger notre rapport à la vérité ?
Adrien Béal : Individuellement et collectivement, nous éprouvons le besoin d’établir de la vérité. Un groupe social a besoin de construire de l’objectivité commune, même temporaire. Une vérité n’existe alors que parce qu’elle est énoncée, jusqu’à ce qu’elle soit contredite. Dans cette pièce, le basculement dans l’inconscience d’une femme donne l’occasion aux gens autour d’elle de voir par où l’on passe quand les vérités établies sont mises en doute, en fragilité.
La trame de cette pièce tourne donc autour d’une femme qui perd connaissance ?
A.B. : A l’origine, une femme est plongée dans un état d’inconscience. Autour d’elle, les individus ne vont pas interroger qui elle est, son identité, mais leurs rapports entre eux, qu’ils doivent reconsidérer du fait qu’elle a perdu connaissance. Cet enjeu de la vérité questionne en même temps le théâtre pour les tensions qu’il installe entre la circulation des subjectivités et la convention d’une représentation qui s’appuie sur des vérités communes, admises par tous.
Quelles sont les spécificités de votre travail collectif ?
A.B. : Au début, on ne connaît pas le cadre fictionnel. Pendant un an, j’avais travaillé sur cette thématique de la vérité, notamment à travers le travail de Michel Foucault. Puis a démarré avec les acteurs et notre dramaturge un long processus empirique, à base d’improvisations, pour basculer dans la fiction. Ce qui m’intéresse, c’est la multiplicité des points de vue qui traverse l’écriture, car à la différence de certaines créations collectives, c’est vraiment l’écriture qui reste le moteur de nos travaux.
La scénographie du Pas de Bême était dépouillée, ce sera encore le cas ?
A.B. : Non. Le travail de scénographie a accompagné le développement de la pièce. Tout se passera dans un même lieu, cette pièce où la femme est allongée, dans le coma, et qui constitue le point d’attraction de tous les personnages. Ce lieu portera également une forme d’étrangeté que le langage tentera de résoudre, de stabiliser.
Propos recueillis par Eric Demey
le vendredi à 18h30, le samedi à 17h, relâche dimanche et lundi. Tel : 03 80 30 12 12. Également du 8 au 19 novembre au T2G à Gennevilliers, du 18 au 20 mars aux Subsistances à Lyon, les 26 et 27 à l'Hexagone à Meylan, les 3 et 4 avril au Tandem à Douai, les 9 et 10 à l'Espace des Arts de Chalon-sur-Saône.
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