Clinamen Show du Groupe Bekkrell
C’est d’abord un pari scénographique qui a [...]
Créée l’été dernier au Festival d’Avignon, la mise en scène de Julie Duclos s’installe aux Ateliers Berthier. Un travail qui souligne le mystère de la pièce de Maeterlinck sans jamais l’épuiser, en recourant notamment à la vidéo et aux effets cinématographiques.
« J’ai découvert la pièce très jeune, quand j’ai passé le concours du Conservatoire national de Paris comme comédienne avec une scène de Mélisande. Plus tard, j’ai lu d’autres œuvres de Maeterlinck et à un moment, avec plus de maturité aussi, Pelléas et Mélisande est devenu une vraie rencontre. La pièce est réputée immontable, et on pourrait presque dire que ce défi fait partie du désir de la mettre en scène. J’ai décidé de me lancer en faisant confiance à cette rencontre, c’est-à-dire aux premières sensations de lecture. Comme il s’agit d’une œuvre très profonde et très poétique, elle appelle des images. Au début, c’est comme un nuage, ces visions ne sont pas forcément précises mais le texte propose un monde, tout de suite. Quand on parle d’écriture poétique, on peut penser à quelque chose de flottant, qui ne serait pas dans le réel, alors que la pièce parle des situations de la vie, mais avec un mystère permanent puisque tout est un peu métaphore. C’est ce qui est frappant : ce mélange entre des éléments très concrets et une spiritualité, une élévation. On est entre ciel et terre.
Une écriture de l’invisible
J’ai tout de suite senti que la vidéo s’imposait à moi. Par exemple pour la première scène dans la forêt : une jeune femme en exil se retrouve en larmes dans la forêt face à un homme armé d’un fusil. C’est une situation très concrète. Le cinéma permet d’ancrer l’histoire et les personnages dans le réel. Mais si la vidéo est importante, il y a aussi une scénographie en mouvement, qui vient produire des effets cinématographiques. C’est l’ensemble du spectacle qui regarde le cinéma. L’écriture de Maeterlinck est une écriture de l’invisible, elle ne cesse de dire des choses en dehors de ce qui est écrit. C’est à cela que tient le mystère. Cette écriture nous invite à travailler sur ou sous les interstices. Par exemple pour essayer de comprendre le rapport entre Pelléas et Mélisande. C’est tout le sujet de la pièce : cela rend Golaud fou de ne pas arriver à attraper la nature de ce rapport. »
Propos recueillis par Isabelle Stibbe
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tél. : 01 44 85 40 40. Durée estimée : 1h45.
C’est d’abord un pari scénographique qui a [...]