Emmanuel Meirieu met en scène Mon traître de Sorj Chalandon
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Alain Fromager, Annie Mercier, Hiroshi Ota et Caroline Proust interprètent L’Eden Cinéma, réécriture théâtrale d’Un barrage contre le Pacifique dont s’empare Christine Letailleur comme un voyage mémoriel et sensible.
« Habituellement, je n’emporte pas de littérature lorsque je suis en tournée, pour être vraiment toute aux acteurs et au plateau, mais lors de celle des Liaisons dangereuses, j’ai voyagé en compagnie de ce texte. Duras est une écrivaine qui aide à traverser les chagrins, et à ce moment-là de ma vie, ma mère était mourante. L’Eden Cinéma me fait penser à elle, comme il me fait penser à Claude Régy, qui l’a monté. On a, avec certains auteurs, des histoires particulières et secrètes. Duras est de ceux-là pour moi : j’entretiens avec son œuvre une relation viscérale. Ce qui m’a marqué dans L’Eden Cinéma, c’est l’épure de la langue. A l’époque où elle l’écrit, Duras a trouvé son style, audacieux, à la frontière entre le cinéma, le théâtre et la littérature et particulièrement efficace pour dire la douleur de l’enfance et, mieux encore, le passage entre les âges.
Une œuvre commune
Cette écriture, cette langue m’inspirent des images, du sensible. Il s’agit ensuite de les traduire sur scène en compagnie de toute l’équipe, comédiens et techniciens dont tous les gestes s’imbriquent : dans ce travail, tout le monde est acteur. Duras entremêlent les temporalités dans son texte et j’ai jugé important que les comédiens jouent tous les âges, ce qui offre une dimension presque psychanalytique à leur interprétation, comme si, devenus adultes, les personnages rejouaient les scènes de l’enfance. Mais, encore une fois, les comédiens ne sont pas seuls à faire le spectacle. La scénographie d’Emmanuel Clolus crée un espace mental, Manu Léonard crée un espace sonore, Grégoire de Lafond fait surgir du décor, par la lumière, des espaces différents. C’est ce travail de création conjoint au service d’une épure essentielle qui permet que l’on entende le texte. »
Propos recueillis par Catherine Robert
à 20h sauf le 8 à 16h ; relâche le dimanche. Tél. : 03 88 24 88 24. Tournée à suivre (Grenoble et Aix-en-Provence à l’automne 2020 et en décembre au théâtre des Abbesses à Paris).
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