Pauline Bureau met en scène « Neige », une échappée initiatique sur les chemins de la (re)découverte de soi

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une version contemporaine de Blanche-Neige, même si l’autrice et metteuse en scène Pauline Bureau déclare s’être inspirée de ce conte pour écrire sa nouvelle création à destination des adolescents. La trame narrative que déploie le spectacle présenté au Théâtre de La Colline (créé le 17 octobre dernier à la Comédie de Saint-Etienne) est assez différente de la fable rendue célèbre par Jacob et Wihelm Grimm au XIXème siècle. Même s’il est vrai qu’elle en reprend, souvent sous forme de clins d’œil, plusieurs motifs. Ici, pas de princesse, mais une jeune fille de quatorze ans (Neige, Camille Garcia) traversée par les tourments de son âge. Pas de marâtre jalouse, mais une mère (Marie Nicolle) enfermée dans les renoncements que lui impose la vie de couple qu’elle mène avec son mari (Yann Burlot). Pas de prince charmant providentiel, mais un jeune Chris (Anthony Roullier), camarade de classe sur qui Neige fantasme. Pas de chasseur assassin, mais un ermite (Régis Laroche) ayant rompu avec la société pour vivre dans la forêt. Enfin, pas de nain, mais Delphine (Claire Toubin), elle-même adolescente, complice de Chris et future amie de Neige.

Un théâtre d’images

Au sein d’une scénographie éclatante d’Emmanuelle Roy (servie par des vidéos et des scènes de magie nouvelle de Clément Debailleul), tous ces personnages mettent en jeu des aventures sans grand relief. Comme sa mère à son âge, Neige perd connaissance lorsqu’elle est confrontée à des émotions trop fortes. La vie lui fait peur. Elle apprendra, à la faveur des circonstances de cette histoire, à oser se lancer dans le grand bain de l’existence. Menant à un happy end conventionnel, le projet de Pauline Bureau ne parvient pas à nous faire voyager à travers son univers. Des scènes brèves, comme fragmentaires, se succèdent sans prendre le temps de creuser les situations auxquelles elles donnent corps. Certaines d’entre elles tentent de nourrir le récit par le biais de simples images, d’atmosphères qui se prolongent. Un cervidé passe dans la forêt qui nous fait face. Il nous regarde. Des loups se déplacent seuls ou en meute. On observe Chris et Delphine plonger dans l’eau profonde d’une citerne… Tout cela, c’est sûr, est très beau. Neige impressionne visuellement, mais nous laisse sur notre faim.

Manuel Piolat Soleymat