Théâtre - Entretien

« Painkiller », un drôle de duo entre un roi et son fou par Pauline Haudepin

« Painkiller », un drôle de duo entre un roi et son fou par Pauline Haudepin - Critique sortie Théâtre Paris. Théâtre de la Colline


La Colline

« J’écris comme dans un rêve éveillé. Dans Painkiller, c’est le duo du fou et du roi qui a d’abord déclenché ma rêverie. À la fois obsolète dans un monde où « le roi se meurt » et riche en questions à l’heure où tout le monde se proclame volontiers fou du roi. Les deux figures de la pièce nous apparaissent au moment où elles ne parviennent plus à fonctionner, où elles semblent sur le point de tout perdre. Sadking, le roi de mon histoire, figure dont le pouvoir repose sur l’argent, président d’un club de foot, est confronté aux conséquences judiciaires de malversations financières anciennes. Painkiller, mon fou, qui donne son nom à la pièce – nom, que l’on peut littéralement traduire par « tue-douleur » et désigne très concrètement en anglais les antalgiques – est un jeune prodige du one-man-show, qui ne parvient plus à rire ni à faire rire. Les deux personnages en présence sont intimement liés à la société du spectacle et du divertissement dans son acception courante, mais aussi sur le plan métaphysique. Elles tentent d’abord de se divertir de leur angoisse respective jusqu’à progressivement s’extirper des rôles qui les étouffent et les entravent.

Une dramaturgie du rêve

Chez moi, la rêverie qui précède une pièce s’amarre presque toujours à un lieu dont l’imaginaire et la charge métaphorique viennent irriguer l’écriture en continu. Là, c’est la salle de bain, ce lieu d’hygiène ritualisé où, soustrait aux regards des autres, on prépare, dans le miroir, son masque social. Avec les comédiens John Arnold (Sadking) et Mathias Bentahar (Painkiller), nous avons beaucoup travaillé sur la manière courante d’habiter ce lieu, sur le geste, en association libre avec leur propre inconscient. Painkiller n’est pas une fable. Sa dramaturgie est celle du rêve. Plus qu’un décor, la salle de bain est un personnage à part entière, interface entre le dedans et le dehors, glissant à tout instant du trivial au mythique. Le dispositif bi-frontal s’est rapidement imposé comme traduction au plateau des paradoxes de cet espace qui devient une forme de vivarium ; le spectateur, ce voyant, est aussi voyeur ».

Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens

A propos de l'événement


Painkiller
du mercredi 6 mars 2024 au samedi 30 mars 2024
Théâtre de la Colline
15, rue Malte-Brun, 75020 Paris

Du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h, le dimanche à 16h. Tél : 01 44 62 52 52. Durée : 1h20.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Théâtre - Critique

Léonore Chaix a écrit et interprète « La Femme à qui rien n’arrive » dans la mise en scène d’Anne le Guernec, autour du néant de la modernité

Une femme, une machine à laver, quelques [...]

Du mardi 6 février 2024 au 20 mars 2024
  • Danse - Gros Plan

Première française du « Assembly Hall » de Crystal Pite

Crystal Pite et son compagnon d’écriture, le [...]

Du jeudi 28 mars 2024 au 29 mars 2024
  • Opéra - Critique

Thomas Adès présente « The Exterminating Angel » dans la mise en scène de Calixto Bieito : une imposante opulence de moyens

Thomas Adès dirige la première française de [...]

Du jeudi 29 février 2024 au 7 mars 2024