Christophe Rousset dirige Orlando de Haendel, nouvelle production
Christophe Rousset dirige Orlando de Haendel, [...]
Au Théâtre du Châtelet, Jeanne Desoubeaux inscrit le cauchemar amoureux d’Orlando dans une visite nocturne de musée par des enfants. La partition de Haendel est magnifiquement servie par le plateau vocal et les pupitres des Talens Lyriques emmenés par un Christophe Rousset expert.
Inspiré par un poème épique du XVIème siècle, Orlando de Haendel décrit la folie amoureuse qui égare le chevalier légendaire. De manière astucieuse, Jeanne Desoubeaux explore le merveilleux de l’histoire à travers les yeux de quatre enfants qui, échappés d’une visite scolaire d’un musée, revivent les péripéties des héros de L’Arioste pendant la nuit, sous l’œil du gardien Zoroastro, sage et mage en lequel d’aucuns reconnaissent un sosie de Michel Foucault. Sans être innovant, le concept scénographique est habilement développé au fil du spectacle jusqu’à l’élucidation du happy end, lorsque les protagonistes du triangle amoureux retrouvent, à l’aube, le réel contemporain sous l’habit de quatre mères venues récupérer leurs garnements. Au-delà des cabrioles chorégraphiques réglées par Rodolphe Fouillot autour du patrimoine artistique, le spectacle, pédagogique sans céder à la facilité du militantisme, ne renonce pas à une poésie visuelle non dénuée de touches d’humour, avec les lumières de Thomas Coux dit Castille qui habillent d’onirisme le décor de Cécile Trémolières.
Les sortilèges de la musique
Mais l’enchantement de cet Orlando passe d’abord par la réalisation musicale. Dans le rôle-titre, Katarina Bradic ne fait guère sentir les séquelles d’une récente méforme, avec une androgynie idéale, tant dans le timbre que dans le caractère. Une même adéquation de la couleur vocale se retrouve dans l’autre « travesti » de la distribution, Medoro, confié, comme lors de la création en 1733 à un mezzo féminin : Elizabeth DeShong séduit par un vibrato aussi maîtrisé qu’expressif. Siobhan Stagg fait valoir les élans sentimentaux d’Angelica, avec une belle vitalité dramatique qui contraste avec les chatoiements élégiaques de Dorinda, magnifiés par le fruité enivrant du babil de Giulia Semenzato. Riccardo Novaro assume l’autorité de Zoroastro, garant du retour à la raison – et à l’ordre. A la tête des Talens Lyriques, Christophe Rousset, pour qui l’instinct haendélien est devenu une seconde nature, fait rayonner la richesse et la subtilité orchestrales d’un ouvrage aux beautés innombrables qui mériterait de revenir au répertoire.
Gilles Charlassier
à 19h30, le 2 février à 15 heures. Durée : 3 heures avec un entracte. Tél : 01 40 28 28 40.
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