La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Fida Mohissen

Ô toi que j’aime

Ô toi que j’aime - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Le 11 • Gilgamesh Belleville
© Serge Gutwirth Fida Mohissen

Le 11 • Gilgamesh Belleville / écriture et mes Fida Mohissen

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Co-directeur du 11• Gilgamesh Belleville, Fida Mohissen monte pour la première fois son propre texte. Une fiction-témoignage sur les dangers du salafisme. Une histoire de libération.

Vous avez jusque-là travaillé exclusivement sur l’œuvre de l’auteur syrien Saadallah Wannous. Pourquoi avoir décidé aujourd’hui de prendre la plume ?

Fida Mohissen : En ces temps d’incompréhension et de violence cristallisée autour de l’islam, j’ai senti qu’il allait de ma responsabilité de partager ma compréhension des sociétés arabes aussi bien qu’européennes acquise grâce à mon parcours. À ma vie en Syrie, où j’ai grandi dans une société très ancrée dans les traditions religieuses. À mon éloignement de ce milieu, notamment à travers le théâtre, et à mon arrivée en France il y a vingt ans pour poursuivre ma formation artistique. Ô toi que j’aime témoigne de mon entre-deux culturel et de mes connaissances en matière de théologie. Car il faut sortir de ce que le philosophe et historien de l’islam Mohammed Arkoun appelle le « choc des ignorances ».

Pourquoi avoir opté pour une fiction ?

F. M. : Je parlerais plutôt de « fiction-témoignage ». L’histoire du jeune détenu syrien Nour Assile, qui finit par se libérer de son carcan religieux, me permet de prendre une certaine distance par rapport au réel. Proche du conte, Ô toi que j’aime incite le spectateur à un constant questionnement de ce qui est dit et montré sur scène.

« Proche du conte, Ô toi que j’aime incite le spectateur à un constant questionnement. »

La libération de Nour Assile passe par l’amour. En quoi est-ce selon vous le meilleur remède au problème salafiste ?

F.M : Face au discours religieux, dont les salafistes ont une parfaite maîtrise, tout autre type de parole a hélas selon moi peu de chances de sortir victorieux. C’est pourquoi dans la pièce, seules les images de victimes réussissent à ébranler le jeune détenu que rencontrent le metteur en scène Ulysse et la réalisatrice de documentaires Marie. Laquelle, par l’amour qu’elle suscite chez lui, réussit à libérer Nour Assile. Quand l’intellect échoue, reste la rencontre. L’émotion.

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Ô toi que j’aime
du vendredi 6 juillet 2018 au vendredi 27 juillet 2018
Avignon Off. Le 11 • Gilgamesh Belleville
11 bd Raspail, Avignon

Relâche les 11 et 18 juillet. Tel : 04 90 89 82 63.

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