« Débordement », Monologue fiévreux écrit et mis en scène par Hugo Fréjabise
« Monologue fiévreux » écrit et mis en scène [...]
Avec « Sunny Side », Naïsiwon El Aniou feuillette les souvenirs de Billie Holiday, comme un hommage à l’une des icônes du blues, avec une pudeur qui se passe presque de musique.
Un portant mobile, un saxophone couché sur un chevet, quelques photos, un pupitre avec une partition : entourée de quelques accessoires sur un plateau réduit à l’essentiel, Naïsiwon El Aniou évoque, à partir de l’autobiographie de la chanteuse, la destinée de Billie Holiday, surnommée Lady Day. Vêtue d’un tablier à carreaux de domestique, elle plante le décor de la ségrégation raciale dans les États-Unis des années swing, où les Noirs étaient contraints à des emplois subalternes, éprouvaient mille difficultés à mener une carrière artistique. Sur un ton qui mélange la confidence et la gouaille, les péripéties de l’artiste sont décrites à la manière d’un album de souvenirs, jalonnés de crépitements de flashs, ceux de l’exposition à la une des tabloïds, sunlights de la gloire et des scandales, de quelques photos et extraits musicaux émanant des coulisses de la mémoire.
Un biopic jazz presque sans musique
La prison, l’alcool, la drogue, la traque de la police ont ballotté le talent unique de Billie Holiday qui, par la narration fluide de Naïsiwon El Aniou, semble ici se livrer à son crépuscule, sous les lumières tamisées de Sylvain Pielli. Changeant de tenue à vue, en retirant les robes à la manière de pelures d’oignon jusqu’à atteindre ses secrets intimes, la comédienne parcourt toute l’ambivalence des relations que la jazzwoman entretenait avec sa famille, sa mère surtout, et les hommes. La sincérité du portrait, portée par la fragilité touchante d’une voix légèrement éraillée, semblable à celle d’une confession réconciliatrice, ne peut que toucher. Et les quelques mélopées discrètement entonnées ajoutent un émouvant supplément de fragilité nostalgique, accompagnée par une gestuelle chorégraphique discrète, jusque dans les minauderies de la remémoration. On peut néanmoins se sentir frustré devant un biopic jazz avec si peu de pages musicales, même si la pudeur de l’interprète à ne pas avoir cherché à imiter inutilement l’icône est aussi compréhensible que louable.
Gilles Charlassier
les jours pairs à 20h40, relâche les lundis. Tél. : 04 90 33 89 89. Durée : 1h15.
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