La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Florian Simon

Music Hall

Music Hall - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Théâtre Artéphile
Helena Vautrin dans Music Hall. © Thomas O'Brien

Théâtre Artéphile / texte de Jean-Luc Lagarce / mes Florian Simon
Entretien / Florian Simon

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Florian Simon fait de la pièce de Jean-Luc Lagarce un seul-en-scène incarné par la comédienne Helena Vautrin. Entre mise en abyme et vertige de la langue, le metteur en scène livre une grande déclaration d’amour au théâtre.

« La langue de Lagarce semble banale mais elle relève presque du vers. »

C’est une œuvre assez mystérieuse : on ne sait pas vraiment si la vie de la Fille est réelle ou fantasmée. Quant à la forme, elle est fragmentée. Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter cette pièce de Lagarce ?

Florian Simon : Cela remonte à l’époque où la comédienne Helena Vautrin et moi étions au Conservatoire. Nous y avions découvert de nombreux auteurs dont Jean-Luc Lagarce. Son écriture singulière nous a captivés. Sa langue semble banale mais elle relève presque du vers. C’est aussi une pièce drôle dans la forme. Et Music hall nous parle particulièrement parce que la pièce traite du métier et de la vie des artistes.

La pièce peut être perçue comme sombre mais vous semblez privilégier la déclaration d’amour au théâtre…

F. S. : J’ai vraiment l’impression que c’est un poème d’amour au théâtre, au métier, et plus largement aux artistes. Même si la pièce comporte des aspects sombres (la difficulté du métier, la solitude de la comédienne…), l’emballement de la parole tout au long du texte nous a paru être un combustible qui pouvait mener à quelque chose de très drôle : un vertige, une folie. Le fond peut paraître sombre mais la forme ne l’est pas du tout.

Comment avez-vous travaillé avec Helena Vautrin ?

F. S. : Comme l’écriture est très particulière, avec des retours à la ligne, des enjambements, des assonances, etc., un peu comme les vers libres chez Claudel, on a commencé tout de suite à travailler sur ses particularités, à les respecter, à ne pas banaliser la langue. On ne voulait pas d’un parler naturel mais mettre en avant la langue, retrouver le côté physique du souffle. Ensuite, nous avons travaillé sur le corps : comment se mouvoir au plateau ? L’idée est que la Fille est une figure qui contient toutes les comédiennes. Elle peut être à la fois tragédienne, réaliste, etc., parce qu’en fait elle joue sans cesse et balaie tout le spectre du jeu.

Vous n’avez pas fait appel à des comédiens pour incarner les Boys. Qu’est-ce que ce cela implique ?

F. S. : On s’est dit qu’il y avait un endroit de folie et de solitude qu’on pouvait d’autant mieux entendre que la Fille était seule, comme si elle parlait à des voix : celles des boys qui l’ont accompagnée. Leur présence est matérialisée par des ampoules et des voix enregistrées, donnant l’impression que la Fille rêve, rejoue sans cesse la même représentation. Cela renforce le rapport à la langue qui est vertigineux.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Music Hall
du vendredi 6 juillet 2018 au vendredi 27 juillet 2018
Avignon Off. Théâtre Artéphile
5 bis rue du Bourg Neuf, Avignon

à 17h35, relâches les 8, 15, et 22 juillet. Tél. : 04 90 03 01 90.

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