La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Cécile Dumoutier

Road Movie en HLM

Road Movie en HLM - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Théâtre Artéphile
Cécile Dumoutier © Stéphane Ouradou

Théâtre Artéphile / de et avec Cécile Dumoutier
Entretien Cécile Dumoutier

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

La comédienne Cécile Dumoutier raconte la reconstruction d’une mère qui, après une séparation, vit seule avec son fils. Avec la musicienne Minouche Brio, elle explore dans ce « solo à deux » le thème de la monoparentalité.

« Quand on n’a rien, on est obligé de creuser dans nos rêves et dans nos désirs. »

La part autobiographique de ce spectacle est très forte. L’assumez-vous complètement ?

Cécile Dumoutier : Je l’assume mais j’ai retiré tout ce qui aurait pu relever du voyeurisme, ne serait-ce que parce que je raconte en partie l’histoire de mon petit garçon. J’ai vécu 5 ans dans le sud et à mon retour en Seine-Saint-Denis, après une séparation, je n’avais plus de réseaux, plus de travail. En plus, je ne pouvais pas sortir le soir parce que je vivais seule avec mon fils. Alors un soir qu’il était couché, j’ai allumé ma webcam et j’ai commencé à raconter mon quotidien. Très souvent, je débutais par « je ne sais pas où va nous mener ce projet ». Sans doute, implicitement, avais-je l’idée d’en faire un spectacle mais je ne pensais pas revoir ces images.

Quand est-il devenu clair que cela deviendrait un spectacle ?

C. D. : Au bout de 5 ans, je me suis retrouvée avec 11h de rush. C’est en vacances avec une amie qui travaille dans le social que j’ai tout dérushé et qu’elle m’a fait comprendre que ces vidéos s’apparentaient à un deuil, à l’endroit de la reconstruction. En 2016, j’ai fait un stage avec Julie Deliquet et quand elle a proposé d’écrire des journées symboliques d’une vie, heure par heure, j’en suis arrivée à écrire une nuit symbolique qui a duré 5 ans. C’est la trame du spectacle.

La forme autofictive permet-elle de donner plus de poids à un message ?

C. D. : Des mères et des pères se retrouvent dans ce spectacle même si je ne sais pas encore exactement à quel endroit. Il y a quelque chose de l’ordre des peurs qu’on a à affronter parce que notre plus grande peur, c’est de ne pas les affronter. En fait, il suffit de mettre un pied dans l’action pour que tout découle. Quand on n’a rien, on est obligé de creuser dans nos rêves et dans nos désirs.

Avez-vous l’impression d’être la représentante des « mamans-solo » ?

C. D. : C’est une histoire parmi d’autres. Au début, quand on me disait que c’était un spectacle sur la monoparentalité, je répondais : « non, c’est une maman qui, avec sa webcam, se raconte, parle, s’invente des lendemains qui chantent. » J’ai mis deux mois à comprendre que cette étiquette allait être un moyen pour parler de ce thème. Mais mon geste était d’abord de remonter sur scène. Et aussi d’aider les autres. C’est pour cela que le spectacle s’accompagne de nombreux ateliers avec des mamans autour de l’art-thérapie pour démarrer la journée avec de bonnes énergies. J’ai aussi mis Saint-Denis au cœur du texte parce que je trouve que c’est une ville fascinante, un mélange d’origines et d’histoires. Je viens et je fais partie de cette ville, de tous ces gens autour de cette basilique qui est autant pour les rois de France que pour les sans-papiers.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Road Movie en HLM
du vendredi 6 juillet 2018 au vendredi 27 juillet 2018
Avignon Off. Théâtre Artéphile
7 rue du Bourg Neuf, Avignon

à 17h55. Tél. 04 90 03 01 90.

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