La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Laetitia Mazzoleni

Mu

Mu - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon off. Théâtre Transversal
©Johann Fournier Laetitia Mazzoleni

Théâtre Transversal / de Fabrice Melquiot / mes Laetitia Mazzoleni

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Directrice du nouveau Théâtre Transversal à Avignon, Laetitia Mazzoleni met en scène Mu de Fabrice Melquiot. Une traversée en solitaire de l’âme humaine. Musicale et mélancolique.

Avec votre compagnie Agence de Fabrication Perpétuelle, basée à Avignon depuis 12 ans, vous défendez un théâtre contemporain au croisement de différentes disciplines. Comment Mu s’inscrit-il dans cette démarche ?

Laetitia Mazzoleni : Après avoir beaucoup travaillé avec de la vidéo, j’ai eu envie de revenir à une forme plus classique. Davantage centrée sur le texte. Je souhaitais aussi travailler avec le comédien Nicolas Gény que je connais depuis longtemps, avec qui j’ai souvent collaboré pour des lectures mais jamais dans le cadre d’un spectacle. Je me suis donc mise à la recherche d’un texte pour un comédien d’une quarantaine d’années, jusqu’à ce que Fabrice Melquiot me fasse découvrir Mu. Le coup de foudre a été immédiat. C’est un véritable cadeau qu’il m’a fait en m’offrant ce texte.

Contrairement à la vidéo, la musique est très présente dans cette création.

L.M : Dans Mu, le phrasé tordu et poétique de Fabrice Melquiot s’approche du chant. J’ai donc demandé au compositeur et multi-instrumentiste Sebum d’accompagner l’errance du personnage de la pièce. Sa traversée aussi intérieure que physique. Sur une heure de spectacle, pas moins de 50 minutes sont en effet musicales.

« L’absence, dans Mu, n’est pas un vide. C’est un endroit où l’homme dialogue avec lui-même. »

« Mu », en japonais, est un préfixe qui signifie l’absence. Comment avez-vous cherché à la matérialiser ?

L.M : Quitté par sa compagne, le personnage de la pièce va se perdre dans une forêt que je traite comme un lieu onirique. Comme un lieu hors de toute temporalité, qui confère au texte une belle universalité. L’absence, dans Mu, n’est pas un vide. C’est un endroit où l’homme dialogue avec lui-même. Où il atteint une part de vérité sur la nature humaine. Avec des troncs de bouleau montés sur des pieds en fer, le plasticien Johann Fournier a trouvé une belle solution scénographique pour le représenter.

Y-a-t-il des clairières dans cette forêt ? Des lueurs d’espoir ?

L.M : Si la tonalité de Mu est essentiellement mélancolique, Fabrice Melquiot la teinte, comme il sait si bien le faire, de nombreuses nuances. Il y a de l’ironie dans ce texte, et un humour un peu grinçant. Le protagoniste de Mu porte un regard singulier sur le monde. Il ne se laisse jamais réduire à sa peine d’homme abandonné : au contraire, cette rupture n’est qu’un point de départ vers une quête plus profonde. Spirituelle et poétique.

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Mu
du vendredi 6 juillet 2018 au samedi 28 juillet 2018
Avignon off. Théâtre Transversal
26 rue des Teinturiers, Avignon

à 20h10. Relâche les mercredis. Tel : 04 90 27 05 87.

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