La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Didier Galas

Ahmed revient

Ahmed revient - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon
Didier Galas Crédit : Zino

Spectacle itinérant / d’Alain Badiou / mes et jeu Didier Galas
Entretien Didier Galas

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Le personnage d’Ahmed, philosophe farcesque imaginé par Alain Badiou, retrouve l’interprète qui l’a créé. Didier Galas pérégrine dans les villages autour d’Avignon, en péripatéticien théâtral.

« Ahmed est donc toujours un personnage flamboyant et intelligent, mais apparaissent désormais ses faiblesses. »

Qui est Ahmed ?

Didier Galas : Il est plusieurs personnes à la fois. Il est d’abord Alain Badiou, qui revient avec un nouveau texte théâtral, mais il est aussi Didier Galas, qui fait retour à ce personnage créé au XXème siècle et alors mis en scène par Christian Schiaretti, et il est surtout Ahmed lui-même, ce personnage au nom musulman qui revient sur le devant de la scène. Au XXème siècle, quand on parlait d’Ahmed, affleurait le racisme ordinaire ; entre temps, il a revêtu une autre tonalité. Les prénoms musulmans ont pris la teinte des attentats, et cet Ahmed du XXIème siècle met le doigt sur les problèmes qui existent entre la société occidentale et le monde musulman : il permet de faire entendre une pensée et pas seulement une opinion.

Comment ce personnage s’est-il transformé ?

D. G. : Ahmed est toujours un personnage comique, mais si le premier était proche de Scapin, le deuxième ressemble plutôt à Arlequin. Il est devenu plus proche du clown blanc que de l’auguste. Le texte de ce deuxième Ahmed est un monologue : il n’a donc pas le loisir de faire rire des autres présents avec lui sur scène. Il est donc davantage en réflexion sur lui-même, dans cette solitude qui permet la remise en question ; il a quelque chose de plus humain ; il n’est plus le magnifique qui a toujours le dernier mot. Ahmed est donc toujours un personnage flamboyant et intelligent, mais apparaissent désormais ses faiblesses.

De quoi parle-t-il ?

D. G. : Il parle du fait qu’il s’appelle Ahmed, du fait qu’il revient, et il parle d’aujourd’hui. Il parle du racisme, non pas en faisant un cours, mais toujours en riant, il parle de laïcité, d’islamisme ; il évoque des thèmes politique, philosophiques et théâtraux. C’est surtout un monologue qui réfléchit à ce qui fait la nature d’un personnage, d’un acteur et d’un propos, mais toujours dans une modalité farcesque, même s’il évoque des choses très graves.

Comment caractériser votre mise en scène ?

D. G. : Je veux surtout montrer une histoire artistique entre un auteur et un acteur qui crée un personnage : c’est le b.a.-ba du théâtre et c’est cela qui est à mettre en scène, en assumant la pauvreté de moyens, ce à quoi nous force l’itinérance. Mais j’insiste aussi sur l’importance de ceux qui m’accompagnent et qui m’aident beaucoup, du scénographe à tous les créateurs techniques. Nous travaillons ensemble dans un fonctionnement collectif et il est évident que ce n’est pas le metteur en scène qui invente tout !

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Ahmed revient
du vendredi 6 juillet 2018 au lundi 9 juillet 2018


Du 12 au 16 et du 19 au 23 juillet.

Tél. : 04 90 14 14 14.

A partir de 10 ans.

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