Shakespeare Notes
Deux accordéons, deux chanteurs et deux [...]
Après Mon Petit Poucet en 2011, l’auteur et metteur en scène José Pliya revient au théâtre tout public avec Monsieur, Blanchette et le Loup. Une création exigeante, librement inspirée de La Chèvre de monsieur Seguin d’Alphonse Daudet.
En exergue de Monsieur, Blanchette et le Loup (pièce publiée, en 2011, par L’avant-scène théâtre, dans la Collection des Quatre-Vents), José Pliya rend hommage à Albert Camus en citant un extrait de ses Carnets : « La lucidité tragique n’interdit pas l’exigence d’humanité ». C’est tout le sens que l’auteur et metteur en scène d’origine béninoise, actuel directeur de la Scène national de la Guadeloupe, souhaite donner à sa dernière création tout public (accessible à tous les spectateurs à partir de 7 ans). « Le plus important dans cette relecture [de La Chèvre de monsieur Seguin], déclare-t-il, c’est un “message” camusien que je veux adresser à mes deux filles et, à travers elles, à toutes les jeunes adolescentes. (…) Je veux les exhorter à toujours être maître, maîtresse, de leurs choix et de leur destin. » Cette encouragement au libre-arbitre s’applique, évidemment, aussi aux jeunes adolescents qui, à travers les parcours croisés de Monsieur (Vincent Brayer), du Loup (Lotfi Yahya Jedidi, qui incarne également le personnage final de Renard) et de Blanchette (Karine Pédurand), seront amenés à réfléchir aux notions de déterminisme et d’émancipation.
Trois figures du tragique
Au sein d’une représentation dépouillée, sans souci de démonstration esthétique, les trois figures du tragique convoquées par José Pliya déclinent, en treize petites scènes, un « trio d’amour, de désir et d’obsession ». Un trio interprété avec rigueur par les trois comédiens qui, fidèles à l’ensemble de la mise en scène, ne se laissent jamais aller aux facilités de clins d’œil infantilisants. Les questionnements que met au jour la pièce en sont d’autant plus vifs, d’autant plus saillants. Qu’est-ce qui amène Monsieur à reproduire, incessamment, les mêmes comportements, à trébucher sur les mêmes obstacles ? Le Loup peut-il sortir de la condition qui est la sienne pour accéder au bonheur ? Quant à Blanchette a-t-elle eu tort de s’engager sur la voie de la liberté ? Au centre de l’interrogation sur la « lucidité tragique » à laquelle se réfère l’auteur-metteur en scène, cette chèvre (qui découvre un jour qu’elle n’est pas une vache) paiera le prix fort, chez José Pliya comme chez Alphonse Daudet, de son affranchissement.
Manuel Piolat Soleymat
Le 5 mars 2014 à 9h45 et 15h, le 6 mars à 10h et 14h30, le 7 mars à 10h, le 8 mars à 16h. Spectacle vu à La Coursive – Scène nationale de la Rochelle. Durée: 1h. Tél. : 01 43 64 80 80. www.letarmac.fr
Egalement les 13 et 14 mars 2014 à la Maison de la Culture d’Amiens, les 20 et 21 mars au Théâtre de l’Union à Limoges, les 27 et 28 mars à la Fabrique de Théâtre à Bastia, du 4 au 9 avril au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon, les 14 et 15 avril à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, les 23 et 24 avril à AggloScènes Fréjus-Saint-Raphaël.
Deux accordéons, deux chanteurs et deux [...]