J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre de De Chloé Lacan, mise en scène de Nelson-Rafaell Madel
La chanteuse, comédienne et musicienne Chloé [...]
Anne Bouvier et Jina Djemba présentent leur adaptation théâtrale de « Nina Simone, roman », de Gilles Leroy, sur le plateau de La Scène Parisienne. Un spectacle traversé de chansons qui, malgré des qualités, réduit l’image de Nina Simone à des stéréotypes.
Sa voix, jusque-là posée, se met subitement à trembler en retenant un sanglot. Des larmes lui montent aux yeux alors qu’elle répond en anglais, assise devant un piano, à Eve Ruggieri qui lui demande si elle regrette la carrière de concertiste classique qu’elle n’a pu faire à cause de sa couleur de peau. « Oui, je la regrette. Je suis triste de ne pas être devenue la première pianiste classique noire. Je crois que si cela avait été le cas, j’aurais été plus heureuse. Je ne suis pas vraiment heureuse à l’heure actuelle... » On est en 1991. Nina Simone est filmée par les caméras de Musiques au cœur. L’émotion qui traverse la musicienne alors âgée de 58 ans, plus de 40 ans après avoir été refusée à l’entrée du prestigieux Curtis Institut de Philadelphie, stupéfie. Et bouleverse. Cette blessure vive et profonde est au cœur du destin cabossé qu’éclaire l’écrivain Gilles Leroy dans « Nina Simone, roman », portrait littéraire de la grande artiste disparue en 2003. Un ouvrage de près de 300 pages (publié en 2013, chez Mercure de France) dont se sont emparés la metteuse en scène Anne Bouvier et la comédienne-chanteuse Jina Djemba (elles en cosignent l’adaptation) pour un court spectacle entremêlant chansons et scènes de théâtre.
Une existence excessive et chaotique
Cette proposition scénique d’1h15 revient sur quelques épisodes des dernières années que Nina Simone passa dans le Sud de la France, à Carry-le-Rouet, sans parvenir à transmettre la profondeur humaine qui ressort du texte de Gilles Leroy. Le roman écrit par le lauréat du Prix Goncourt 2017 (pour Alabama Song, autobiographie fictive de Zelda Fitzgerald) est loin de l’hagiographie. Il prend son temps et dessine, par touches précises, les principales lignes d’une existence excessive et chaotique. Interprété par une comédienne et un comédien (Jina Djemba est au côté de Paul Nguyen ou de Valentin de Carbonnières) et un musicien jouant en direct de divers instruments (Julien Vasnier), Miss Nina Simone vaut essentiellement pour sa dimension musicale et pour l’atmosphère poétique qui l’accompagne (la scénographie est de Jean Haas, les lumières de Denis Koransky). Car la partie purement théâtrale du projet se contente de stéréotypes. Capricieuse, alcoolique, colérique, fruste…, la Nina Simone qui se présente à nous n’est qu’une version caricaturale du personnage complexe, sensible composé par Gilles Leroy. Comme si elle ne se laissait observer qu’à travers le reflet d’un miroir déformant, la chanteuse se dérobe à nous. Et n’offre que la perspective décevante d’un rendez-vous manqué.
Manuel Piolat Soleymat
Le lundi à 21h, le dimanche à 15h. Durée de la représentation : 1h15. Tél. : 01 40 41 00 00. www.tlsp.paris
La chanteuse, comédienne et musicienne Chloé [...]
Le festival WET°, temps fort dédié à la jeune [...]
« Performance sur la guerre » du jeune [...]