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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Confinement et arts vivants : et la suite ?

Confinement et arts vivants : et la suite ? - Critique sortie Théâtre
La sublime Cour d'honneur du Palais des Papes © Christophe Raynaud de Lage

Publié le 14 avril 2020 - N° 285

Lors de son allocution télévisée le 13 avril, le Président de la République a annoncé que les grands festivals d’été ne pourraient pas avoir lieu jusqu’à mi-juillet au moins. Extraordinaire moment de créativité, de liberté et d’échanges, le Festival d’Avignon est annulé. Nous sommes tristes de ces absences. Coincés dans une situation qui oblige au repli et à la solitude, les artistes comme leurs publics sont dans l’attente. Comme chacune et chacun sur notre planète si interconnectée…

Le virus est encore inconnu

Les soignants et chercheurs travaillent toujours d’arrache-pied pour lutter contre la maladie, tandis que le bilan du virus s’avère toujours lourd, notamment pour les personnes âgées. Avec des disparités selon les pays et selon les zones géographiques, le virus parti de Chine – comme le redoutable SRAS en 2002-2003 – affecte tous les continents et oblige au confinement des populations pour enrayer la contamination. Même Donald Trump y a, hélas tardivement, consenti. Quid de la suite ? Espérons que nos gouvernants auront le courage de s’extirper des modèles et des flux régis par le seul profit économique pour protéger et développer la solidarité, la santé, l’éducation, le monde du travail, la culture…

Certains confinements sont plus difficiles que d’autres

Les confinements ne sont pas d’égale difficulté. Certains ne savent pas comment remplir leur assiette, laissent filer par la force des choses leurs pathologies autres que le COVID-19, souffrent de solitude et d’abandon – on pense avec épouvante aux enfants et aux femmes maltraités. D’autres se demandent quels menus ils vont pouvoir concocter, quels produits culturels consommer, quels exercices physiques accomplir. Aucun n’est à l’abri de la maladie. Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement devra vraiment à l’issue de la crise accorder toute son attention aux plus fragiles.

La culture, un désir de partage

Comme de nombreux autres secteurs, le monde de la culture est durement impacté. Les théâtres sont contraints au silence, les annulations réduisent à néant de longs efforts et une attente pleine d’espoir. Si la fin du confinement sera progressivement enclenchée à partir du 11 mai 2020, les lieux rassemblant un public resteront en revanche fermés après cette date, et les grands festivals d’été ne pourront pas se tenir. Bien sûr, nous sommes tristes de ce manque, de ce vide. Le Festival d’Avignon demeure une fête de l’esprit et une célébration de la rencontre, et son annulation est un déchirement.

La culture, un service public

L’homme n’est pas un animal solitaire. Si l’on en croit le succès des multiples initiatives sur le net visant à partager des bribes de culture, le désir est là de maintenir le lien. Les arts vivants exigent cependant un rassemblement, une présence physique commune unissant les artistes et leurs publics, depuis des millénaires. Comme tant d’autres, les artistes ont besoin de soutien. La parole des pouvoirs publics est très attendue sur le secteur, pour lever les incertitudes, pour pouvoir non seulement survivre mais aussi se projeter dans un avenir aux contours évidemment flous dans ce contexte sanitaire. Plusieurs aspects concernant l’intermittence, la saison à venir, la création et autres doivent être clarifiés.

Nous sommes prêts !

Nous ne pourrons publier ni les numéros de mai et juin ni notre hors-série Avignon en Scène(s) cette année. Nous restons présents en ligne sur les réseaux sociaux et sur notre site. Nous nous tenons à votre écoute, prêts à renouer les liens, à vous informer à nouveau avec sérieux et enthousiasme. Nous espérons vous retrouver au plus vite, en bonne santé. Nous faisons toute confiance aux artistes et aux équipes des théâtre pour préserver leur énergie et leur dynamisme. Habitués à lutter, à faire face à l’adversité, ils poursuivront leurs voies créatrices.

Rappelons ces paroles d’Albert Camus, prononcées lors de son discours de réception du prix Nobel de littérature en 1957 « L’artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. » « Celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. »

Prenez soin de vous et vos proches !

A propos de l'événement

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