LE 6ÈME JOUR
En conférencier déjanté et poétique, le clown [...]
« Miss Knife est, en quelque sorte, la comédie satirique de l’ensemble de mon œuvre. », disait Olivier Py, dans un entretien accordé à La Terrasse en 2004. « Miss Knife a sa vie propre. Certains de ses fans n’aiment pas du tout ce que fait Olivier Py. Miss Knife et Olivier Py fonctionnent presque en rivaux. Des gens ont été très déçus qu’un poète sérieux en vienne à se travestir dans une cave ! Maintenant, Miss Knife a vieilli et est devenue plus sage, moins destroy ! (…) Elle ne se notabilise pas vraiment et demeure underground, mais elle a quitté le cercle quasi amical dans lequel elle avait commencé. » Comme l’héautontimorouménos à l’ironie vorace des Fleurs du mal, à la fois plaie et couteau, Miss Knife est une abandonnée, condamnée au rire éternel, miroir et rivale de son créateur, qui compose, avec ce travelo incandescent, un personnage inouï. La classe cravachée de Marlène, les fêlures de tendresse et l’ironie de Barbara, l’esprit aiguisé de Juliette, la fulgurance explosive d’Ingrid Caven, un air de débine berlinoise sous le paravent des faux cils : Miss Knife, icône froufroutante d’un music-hall emperlousé et insolent, chante des rengaines désespérées et désespérantes, drôles, ironiques et tendres.
Couteau sanglant et fourreau d’or
Les premières Ballades de Miss Knife, créées au cours des années, au fil des apparitions sur scène de ce bouleversant personnage, ont déjà été réunies dans un disque, il y a dix ans. Ce nouveau spectacle est l’occasion de découvrir un autre répertoire, qu’on retrouve sur un album, à paraître chez Actes Sud, le 9 octobre. La plupart des chansons de ce deuxième opus ont été écrites pour le théâtre d’Olivier Py. La veine est moins psychologique et plus métaphysique : Miss Knife interroge la condition humaine et la vie d’artiste avec une profondeur moins cynique que son ancien et désopilant mémento du suicide. Mais l’ironie demeure, et si cette gagneuse des « paradis de tristesse », chers à son créateur, a l’esprit philosophique, elle ondule aussi d’une hanche péripatéticienne : « von Kopf bis Fuss mit Liebe eingestellt », chantait Dietrich ! Accompagnée par Julien Jolly, Olivier Bernard, Stéphane Leach et Sébastien Maire, Miss Knife adopte un touche plus jazzy avec ce nouveau tour de chant, pour lequel le fidèle Pierre-André Weitz a cousu des fourreaux emplumés encore plus délirants que les précédents atours de cette vénéneuse et flamboyante étoile, qui s’est choisi le théâtre pour ciel.
Catherine Robert
En conférencier déjanté et poétique, le clown [...]