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Théâtre - Entretien

Philippe Baronnet met en scène Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén

Philippe Baronnet met en scène Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén - Critique sortie Théâtre Sartrouville Théâtre de Sartrouville et des Yvelines
DR Philippe Baronnet

Entretien / Philippe Baronnet
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

Comédien permanent au Théâtre de Sartrouville depuis janvier 2010, le jeune Philippe Baronnet met en scène Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén. Une occasion de se pencher sur la violence que peuvent sous-tendre les rapports familiaux.

« Les personnages de Lars Norén sont davantage des athlètes cérébraux que des athlètes émotionnels. »

Une mère, un père, une fille, un fils… Quel endroit spécifique des rapports familiaux Lars Norén explore-t-il dans Bobby Fischer vit à Pasadena ?

Philippe Baronnet : L’endroit de l’éloignement et de la solitude. En quittant le domicile de leurs parents, un fils et une fille sont devenus des étrangers au sein de leur propre famille. Lors d’une soirée au cours de laquelle ils sont tous de nouveau réunis, les non-dits font face à la violence de certains mots, de certains échanges. Ce qui est très beau dans cette pièce, c’est que bien que Lars Norén porte un regard froid, implacable, extrêmement lucide sur ce qui peut, un jour, éloigner les membres d’une même famille (ndlr, interprétés par Elya Birman, Samuel Churin, Nine de Montal et Camille de Sablet), il laisse également le champ ouvert à des choses à dire, à tout ce qu’il est encore possible de sauver, de reconstruire, de recoller.

 

De quelle façon avez-vous souhaité vous saisir de cette écriture faussement réaliste, cette écriture qui ménage de nombreuses zones d’ombre et de mystère ?

Ph. B. : Justement, en étant au plus proche du texte, de ses indications, en l’abordant sans aucun présupposé, en dehors de toute démarche analytique. Je crois que cette écriture doit conserver la part d’ombre et de mystère dont vous parlez. J’ai ainsi voulu que les spectateurs entrent dans la pièce par les mots, en saisissant de quoi il est question à travers ce qui est dit et non à travers ce qui se joue sur le plateau.

 

De quelle façon avez-vous travaillé avec les comédiens pour instaurer ce rapport particulier au texte ?

Ph. B. : Je leur ai demandé de se situer dans un rapport très décontracté à l’écriture, dans un état de pleine présence qui évite tout volontarisme psychologique, toute idée de démonstration ou de preuve à faire de quoi que ce soit. Car les personnages de Lars Norén sont davantage des athlètes cérébraux que des athlètes émotionnels. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne le rythme, nous avons scrupuleusement respecté les didascalies en marquant uniquement les temps que le texte stipule. Cela entraîne une forme de vélocité qui empêche les spectateurs d’être posés, d’être rassurés. Mais au-delà même de la notion de vitesse, il était question pour nous de faire en sorte que la pensée soit toujours en train d’avancer, de travailler à faire résonner la pulsation intérieure du texte.

 

Une pulsation qui renvoie à une forme de fuite en avant…

Ph. B. : Oui. Et cette fuite en avant prend d’ailleurs, à certains moments, des aspects vertigineux. Elle nous donne l’impression de nous situer au bord d’une falaise.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

 

A propos de l'événement

Bobby Fischer vit à Pasadena
du lundi 15 octobre 2012 au samedi 10 novembre 2012
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines
Place Jacques-Brel, 78500 Sartrouville

Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre dramatique national, Place Jacques-Brel, 78500 Sartrouville. Du 15 octobre au 10 novembre 2012. Horaires sur www.theatre-sartrouville.com. Tél. : 01 30 86 77 79.
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