Paul Platel et le Théâtre des Évadés créent « Splendeurs et misères » d’après la comédie humaine de Balzac : une fresque emmenée par des comédiens talentueux
Le Théâtre des Évadés adapte l’ascension et [...]
Le co-directeur du Théâtre 14 Mathieu Touzé chauffe à blanc le huis clos pervers et subversif signé par le poète Jean Genet. Portée par un jeu de grande envergure, la mise en scène déploie les trésors d’ambiguïté de la comédie noire, dérangeante, explosive et fascinante imaginée par le dramaturge. Des « Bonnes » de haut vol.
Il aura fallu la période de confinement due à la pandémie pour que l’idée de mettre en scène Les Bonnes s’impose à Mathieu Touzé. « La pièce raconte une expérience de l’enfermement. Genet, qui a découvert sa vocation d’écrivain pendant ses séjours en prison, célèbre ici la puissance libératrice de l’imaginaire, de la poésie et du jeu. Il décortique aussi le mécanisme qui conduit au repli sur soi, aux vérités alternatives et à l’exacerbation de la violence » note le metteur en scène. La chambre de Madame, grande bourgeoise, où les deux bonnes à son service remâchent leurs humiliations et leurs frustrations jusqu’à imaginer et tenter le pire, sert de cadre à ce huis clos domestique explosif. De bout en bout, en faisant beaucoup mieux qu’éviter les innombrables chausse-trappes que compte la pièce connue pour sa difficulté, Mathieu Touzé parvient avec un profond respect du texte à rendre à leur contemporanéité ces sujets intrinsèques à la pièce : les rapports sociaux de domination et de soumission, la question de l’identité et du genre.
De magnifiques interprètes
Sur le plateau, la vision transgressive et provocatrice de Genet, s’extirpant des archétypes de la société patriarcale, éclate dans toutes ses dimensions. Celle du jeu d’abord. Excellemment interprétées par Elizabeth Mazev et Stéphanie Pasquet, respectivement dans les rôles de Solange et Claire, ces Bonnes nous enchantent. Au sens figuré comme au sens propre quand, à la faveur d’un intermède musical particulièrement savoureux et drolatique, elles chantent de concert sur une chorégraphie d’une naïveté confondante Tout est chaos, de Mylène Farmer. Le choix de Yuming Hey pour incarner Madame est d’une grande efficacité ; il donne corps à la dimension fantasmatique du personnage servie par la présence magnétique, exceptionnelle, de son interprète. La scénographie, également signée par Mathieu Touzé, dominée par le blanc immaculé, réussit à tenir simultanément de l’évocation de la chambre bourgeoise et de celle de la chambre mortuaire. Une vraie réussite.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les mardis, mercredis et vendredis à 20h, les jeudis à 19h, les samedis à 16h. Tél : 01 45 45 48 77. Durée : 1h35.
En tournée du 9 au 12 avril, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, du 14 au 16 mai, Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy/Lorraine, le 30 mai, Maison de la Culture de Nevers.
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