Unissant théâtre et cinéma, Christiane Jatahy adapte « Hamlet », une partition disparate
Après avoir notamment adapté Mademoiselle [...]
Pauline Haudepin crée sa nouvelle pièce à La Colline, plongeant les comédiens et le public dans la baignoire de ses fantasmes, pour un supplice sado-masochiste qui interroge les travers de notre époque.
« Beau comme une rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie », aurait dit Lautréamont. Ainsi apparaît le dialogue entre Sadking et Painkiller, que rien ne prédispose à s’entendre et qui finissent pourtant par se rejoindre dans le commun marasme de leur vacuité existentielle et leur vanité solitaire. Sorte de cadavre exquis, le texte de Pauline Haudepin mêlent poésie et visions oniriques, fuites inconsciences et pulsions. Perce une critique de l’époque où les chats péteurs (entendre chatGPT) font de la poésie pendant que d’autres font du fric ou des blagues : avec facilité mais sans talent. La satire manque un tantinet de légèreté ; la situation est un rien éculée. Sadking et Painkiller sont présentés comme des avatars surréalistes du roi et du fou, mais on peine à comprendre les enjeux de la relation entre l’humoriste, déguisé en gigolo en résille et caleçon suggestif, et le vieil égaré qui l’a pris en otage.
Sauver le bébé de l’eau du bain
Le texte s’enlise dans le convenu de saillies sur notre époque où, on ne le sait que trop, la gloire tutoie le sordide. Personne n’ignore qu’il n’y a qu’un pas du trottoir au ruisseau : les faiseurs de mots, faiseurs de rois et autres putains médiatiques qui se croient philosophes finissent souvent dans l’opprobre du caniveau. Mais la déchéance conjointe de Sadking, le roi sans divertissement, et de Painkiller, le dealer d’opium du peuple, tourne en rond à force de répéter ce que les moralistes du Grand Siècle ont déjà et mieux dit. Même l’arrivée de Pauline Haudepin, en sirène surgie des égouts pour en rajouter une couche sur la mauvaise conscience écologiste contemporaine, n’éclaire pas le sens de la pièce. Celle-ci a tout d’une thérapie nourrie d’associations libres qui ne peuvent avoir de sens que pour celui qui s’engage sur le chemin escarpé de l’analyse. Restent quand même les comédiens et la mise en scène, habile et assez bien troussée. John Arnold est génial, comme toujours : il le serait en lisant le bottin. Mathias Bentahar incarne avec une belle énergie le stand-upper au bain et révèle un indéniable talent. Hors cette prouesse interprétative et quelques gags plaisants, l’ensemble du spectacle peine à convaincre.
Catherine Robert
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