Quand j’étais Charles
Vincent Garanger, codirecteur avec Pauline [...]
Philippe Baronnet met en scène Maladie de la jeunesse de Ferdinand Bruckner. Une jeunesse déchirée entre cynisme et idéalisme, quand les années 1920 en Autriche résonnent avec aujourd’hui.
« Au début, Marie a un doctorat et un homme. Mais son amour part avec une autre femme. A partir de là, ses certitudes vont s’écrouler une à une, sur l’amour, sur son métier, sur la vie… Pour Bruckner, en grandissant il faut « s’embourgeoiser ou se tuer ». Maladie de la jeunesse oppose des jeunes gens idéalistes et des cyniques. Ils sont tous habiles avec la pensée mais mal à l’aise avec leur corps. C’est comme si en raison d’un trop plein de pensée, leur corps avait besoin d’exulter, de manière brutale, violente, pathétique parfois.
Du sentiment sans sentimentalisme
Maladie de la jeunesse est la dernière des pièces d’actualité de Bruckner. L’action se déroule à Vienne dans les années 1920. L’atmosphère est à la fois marquée par la crise sociale et économique, le nihilisme nietzschéen, mais aussi par l’effervescence des années folles. Cette maladie de la jeunesse, c’est la maladie du grand saut, du passage à l’âge adulte, pour une génération angoissée faisant face à un monde en ruines. Le désarroi dans lequel se trouvent ces jeunes adultes trouve un écho aujourd’hui. On ne précisera toutefois le contexte qu’au troisième acte, j’aime ne faire apparaître le décor que petit à petit, que l’acteur et le spectateur plongent ensemble, en douceur, dans la fiction. J’essaye aussi de faire vibrer le sentiment sans sentimentalisme, un peu comme la musique de Schubert. Pour monter ce texte, je pense d’ailleurs beaucoup aux films de Michael Haneke, à Isabelle Huppert dans La Pianiste notamment, à ce personnage charnel mais pas chaleureux, qui met à genoux par la seule force de son esprit. »
Propos recueillis par Eric Demey
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