La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Pierre Notte

Ma folle otarie

Ma folle otarie - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Avignon Off. Théâtre des Halles
Crédit photo : Brice Hillairet

Théâtre des Halles / texte et mes Pierre Notte

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

Brice Hillairet interprète le monologue que Pierre Notte a composé pour lui. Portrait d’un homme ordinaire dont les fesses triplent de volume et qui trouve refuge et salut auprès d’une otarie…

« Le salut, c’est toujours l’autre, fut-il une otarie… »

Pourquoi confier ce monologue à Brice Hillairet ?

Pierre Notte : Parce qu’il a été écrit pour lui ! Nous étions ensemble en résidence à la Scène nationale de Dieppe. Nous devions inventer un spectacle en appartement, j’ai écrit ce monologue pour lui. Il fallait un acteur seul dans l’espace réduit d’un appartement, mais je voulais rester dans l’action. Il fallait donc inventer une véritable aventure, malgré l’exercice statique du monologue. L’accueil a été inespéré ! Nous avons donc choisi de le reprendre à Avignon. Brice peut jouer ce texte et il est épatant dans ce rôle.

Pourquoi une otarie dans cette histoire ?

P. N. : La folle otarie, c’est la clé du mystère ! Pourquoi une otarie ? D’abord parce que je suis infiniment touché par la grâce de cette bestiole, que j’imagine infiniment tendre… Mais cela ne répond pas à la question ! Cette otarie est un monstre, un animal étrange que rencontre le héros. Lui est un homme ordinaire en train de devenir très différent, car il grossit des fesses ! Il faut que quelque chose se passe dans la vie des gens à qui rien n’arrive ! Cet homme ordinaire devient un tel monstre qu’il doit fuir le monde. Il se jette dans la Seine, mais ses fesses immenses le font flotter ! Il arrive jusqu’à la mer et est repêché par des marins dieppois en même temps que cette otarie. C’est au contact de cette bestiole qu’il va revivre, du port de Dieppe jusqu’au cirque ambulant dans lequel on les embarque tous les deux.

Quelle est la monstruosité de ce monstre ?

P. N. : Le monstrueux, en l’occurrence, c’est le fait de cet homme qui doit se confronter à son propre silence. Il y a en lui quelque chose de Bartleby : quelqu’un qui jusqu’alors semble n’être pas là, et soudain, est là ! Comment un individu d’apparence ordinaire, qui ne fait pas de choix, qui se laisse aller à ce qu’on attend de lui, en vient-il, non pas à se fissurer, mais à se « fessurer » ? Devenir quelqu’un, c’est toujours une affaire de place, celle qu’on a, celle qui nous est accordée, celle qu’on construit. Ce personnage est un individu poli, qui ne peut pas se contenter du costume social qu’il n’a pas choisi. Quand ce qui lui arrive se résout, quand il devient maître de ce qu’il est, de sa singularité, il s’en sort. Et comment se sort-il lui-même de la catastrophe dans laquelle il s’est embourbé ? Grâce à l’autre. Le salut, c’est toujours l’autre, fut-il une otarie…

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Ma folle otarie
du mercredi 6 juillet 2016 au mercredi 27 juillet 2016
Avignon Off. Théâtre des Halles
Rue du Roi René, 84000 Avignon, France

à 14h. Tél. : 04 32 76 24 51.

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