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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Marie Chouinard

Soft virtuosity, still humid, on the edge

Soft virtuosity, still humid, on the edge - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Cour du Lycée Saint Joseph
Crédit : Karine Patry Légende : Marie Chouinard, chorégraphe du corps et des visages.

Cour du Lycée Saint Joseph
Chorégraphie Marie Chouinard

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

Chorégraphe québécoise à l’aura internationale, Marie Chouinard est aussi auteure, plasticienne, réalisatrice… Sa dernière pièce est un tourbillon de danse, d’images et de musique.

Que nous dit le titre de la pièce ?

Marie Chouinard : C’est un titre en trois parties qui amènent trois sensations. Je ne travaille pas de façon intellectuelle, mais plutôt de façon poétique ; le titre est lui-même presque un poème.

Il y a ce mot virtuosité, et c’est quelque chose que l’on reconnaît dans votre danse…

M. C. : Oui, mais il est précédé du mot « soft » : c’est une forme de virtuosité liée peut-être à une virtuosité de l’interprète dans toute sa subtilité. Par exemple, nous avons énormément travaillé sur les mouvements du visage. J’ai caché des caméras téléguidées sur le plateau, afin qu’on aille chercher en direct les visages des danseurs, qui seront projetés en grand. Au départ, c’était simplement un outil très concret pour rendre le visage très présent dans la chorégraphie. Mais comme dans tout travail, les problèmes techniques nous ont conduits ailleurs. Et finalement, j’aime beaucoup dans cette pièce la façon dont l’image peut s’intégrer dans le spectacle.

« Travailler notre visage comme une pâte, d’une façon très précise, mais toujours dans le souffle et dans la danse. »

Dans la présentation du spectacle, il y a une belle expression, celle de kaléidoscope émotionnel…

M. C. : Oui, j’ai demandé aux danseurs de travailler avec un visage continuellement en mutation, et de jouer sur les variations, les émois… Je préfère dire émois plutôt qu’émotions, car un émoi est encore moins facilement identifiable, plus insaisissable. Le visage est la partie du corps qui comprend le plus de muscles, et permet donc d’aller vraiment toucher à d’infimes possibilités. Si on fait attention à travailler notre visage comme une pâte, d’une façon très précise, mais toujours dans le souffle et dans la danse, cela ne demeure pas que plastique : cela déclenche des circuits énergétiques dans tous le corps, qui viennent animer une réalité psychique, physique, intellectuelle, et tout le corps s’en trouve modifié.

Pour un danseur, est-ce une façon nouvelle de travailler ?

M. C. : Cela fait partie de mon travail depuis les années 80. Le visage était toujours inclus dans mes solos. Là, il l’est davantage car j’ai voulu le porter de façon très visible jusqu’au spectateur. Aux danseurs, je peux parler par exemple de la position même de leur langue dans la bouche, des angles de la nuque, d’une orientation très délicate d’un centimètre de plus en inclinant la tête… J’ai toujours été intéressée par les détails, que ce soit dans les doigts, le corps, ou la position des orteils. J’amène les danseurs à rechercher une virtuosité dans des choses très subtiles.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Soft virtuosity, still humid, on the edge
du dimanche 17 juillet 2016 au samedi 23 juillet 2016
Cour du Lycée Saint Joseph
62 Rue des Lices, 84000 Avignon, France

A 22h. Relâche le 21 juillet. Tél: 04 90 14 14 14. Durée 50 minutes.

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