La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

M. et Mme Rêve

M. et Mme Rêve - Critique sortie Danse Paris Le Grand Rex
Crédit : Pascal Elliott Légende : Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, interprètes et chorégraphes de M. et Mme Rêve.

Le Grand Rex Chorégraphie Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

Publié le 24 février 2014 - N° 218

Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault se sont appuyés sur une technologie innovante produite par Dassault Systèmes pour rêver leur propre monde. Un monde en miroir du réel, où l’absurdité se confronte à la dureté de la société, mais toujours baigné d’un idéal de beauté.

L’omniprésence de l’image, qui offre le cadre et l’environnement à la danse, est un vrai parti pris dans ce spectacle. La technologie est dissimulée, mais les projections inondant le plateau surprennent soit par leur réalisme, soit par leur poésie graphique, soit par l’impression de tri-dimensionnalité qui se dégage sur certaines séquences. Tout commence dans un intérieur bourgeois, où des êtres à tête de rhinocéros semblent englués dans le temps. Allusion directe à Eugène Ionesco (sa pièce Rhinocéros fut publiée en 1959), dont l’esprit et les textes hantent l’imaginaire des chorégraphes de M. et Mme Rêve. Puis tout se délite, le papier peint se décolle, l’orage gronde, et c’est un autre univers qui apparaît : les séquences s’enchaînent comme autant de facettes différentes d’une même réalité, jonglant avec le quotidien, l’absurde, le poétique ou l’abstrait, mettant au cœur de toutes les métamorphoses deux personnages jumeaux aux coiffures warholiennes.

De multiples références

Que ce soit dans un paysage de neige, dans une forêt de lettres dont l’agencement mathématique est un mouvement rythmique à lui tout seul, dans l’intimité d’une chambre et d’une salle de bain ou  au cœur des gratte-ciels, les danseurs racontent comment le corps survit dans son environnement, malgré le poids d’une société inexorablement en marche. Tous les deux portent l’empreinte de leur formation classique, qui les conduit à ne jamais lâcher sur l’idéal d’un geste puissamment accompli, au détriment parfois d’états de corps méritant d’être plus en adéquation avec le propos. « Je n’ai jamais réussi à m’habituer tout à fait à l’existence (…). Les gens semblent se mouvoir automatiquement, sans raison. », entend-on par ailleurs sur la bande-son. Le spectacle, en écho à la première scène inspirée de la pièce de Ionesco, bascule vers un univers plus sombre, en noir et blanc, dénonçant les totalitarismes en clin d’œil au film The Wall d’Alan Parker.

 

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

M. et Mme Rêve
du mercredi 12 mars 2014 au samedi 29 mars 2014
Le Grand Rex
1 Boulevard Poissonnière, 75002 Paris, France

Du 12 au 29 mars 2014. Réservations : www.fnac.com

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