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Festival d'Aix-en-Provence - Opéra - Critique
En ouvrant sa 75e édition par L’Opéra de Quat’sous, le Festival d’Aix-en-Provence tente un geste iconoclaste édulcoré par la mise en scène finalement conventionnelle de Thomas Ostermeier, qui fait ses débuts dans le répertoire lyrique. Restent quelques incarnations marquantes de la troupe de la Comédie-Française ainsi que le travail de Maxime Pascal et Le Balcon sur la partition de Weill.
Un décor unique de tréteaux métalliques, quelques néons prompteurs en bas côté jardin où défilent des bribes du texte qui pourraient distraire le spectateur, un ensemble de formes géométriques suspendu aux cintres rappelant Lissitzky ou Moholo-Nagy, tapissées de vidéos façon archives noir et blanc par Sébastien Dupouey ou de motifs pop-art : la scénographie dessinée par Magda Willi prend le parti d’une superposition des époques et des esthétiques qui finit par se figer en une illustration sans grandes interactions avec la dramaturgie. Car le jeu d’acteurs développé par Thomas Ostermeier avec la troupe de la Comédie-Française déconcerte par son caractère conventionnel, en particulier dans le registre burlesque, très appuyé dans la scène du mariage entre Polly et Mac-la-Lame, avec une indigestion de tartes à la crème. Quant aux adresses envers le public façon stand-up, elles sont plus proches de l’animation d’un club de vacances que de la harangue politique – mais cette interactivité semble plaire. Certains tableaux sont mieux réussis, à l’exemple de la fausse cérémonie funèbre du troisième finale, avec son masque d’hypocrite compassion. Mais, en dépit des intentions du metteur en scène allemand, sa lecture de L’Opéra de Quat’sous en reste à un divertissement assez inoffensif, même pour un parterre fortuné ou en passe de le devenir.
Une habile hybridation orchestrale
Pour cette production, une nouvelle traduction a été commandée à Alexandre Pateau. Le désir de revenir à la verdeur du verbe de Brecht, voire à sa trivialité séditieuse, n’évite pas toutes les platitudes. Une même demi-teinte se retrouve face aux incarnations des comédiens-chanteurs du Français. Il y en a certes de saisissantes. Christian Hecq fait rayonner la gouaille cynique de Peachum, avec un évident instinct de diseur, non sans quelque cabotinage. Véronique Vella en mère Peachum et Marie Oppert en Polly apprêtent bien leurs caractères, mieux que le Macheath déclamatoire, parfois hésitant de Birane Ba. Si Claïna Clavaron ne néglige pas la présence de la jalouse Lucy et Benjamin Lavernhe celle de Brown, c’est sans doute la Jenny d’Elsa Lepoivre qui affirme la meilleure alchimie entre théâtre et chant. Portée par la maîtrise du travail sonore de Florent Derex, qui tire intelligemment parti des caractéristiques acoustiques du Théâtre de l’Archevêché, la réalisation musicale de l’orchestre Le Balcon, sous la houlette de Maxime Pascal, prolonge habilement avec l’électronique l’hybridation de la partition de Weill. C’est la consolation d’un militantisme sans doute trop explicite pour ne pas être déjà éventé – et ce n’est pas la réactualisation des couplets sur le fascisme donnée en bis qui le contredira.
Gilles Charlassier
à 22 heures. Durée : 2 heures. Tél : 08 20 67 00 57.
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