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L’Opéra de Lyon crée le troisième opéra de Thierry Escaich, Shirine, sur une légende persane revisitée par Atiq Rahimi, dans une mise en scène de Richard Brunel qui partage une même assimilation cinématographique.
Le prélude choral avec bouches de femmes cousues – par la vidéo de Yann Philippe – et des figurantes qui s’infligent ce supplice, met en relief l’évocation des amours libres et tumultueuses de Shirine et Khosrow sur fond de l’actuelle censure des femmes dans le monde arabo-musulman, un millénaire plus tard. Commande de l’Opéra de Lyon, dont la création, prévue en 2020, a été reportée par la crise sanitaire, le troisième opéra de Thierry Escaich met en abyme dans notre aujourd’hui l’adaptation du poème épique de Nezâmî par Atiq Rahimi. Si les costumes dessinés par Wojciech Dziedzic empruntent parfois aux chatoiements orientaux pour le choeur, le vestiaire des solistes ne cède pas à la tentation de l’exotique, tout comme la mise en scène de Richard Brunel, qui tire parti des panneaux blancs – sur fond de terre aride – conçus par Etienne Pluss, fonctionnant à la fois comme un livre imaginaire et un écran de songes scandant la narration. Avec des enluminures devenues photos, les aventures légendaires se mettent à la portée de notre contemporanéité.
Au carrefour des orientalismes
La partition affirme certains des tropismes reconnaissables du compositeur, telle une déclamation héritée du pathétisme de Poulenc. L’efficace alternance des séquences intimes et des chevauchées plus héroïques finit par trouver sa limite dans un manque de variété d’écriture, musicale comme théâtrale, qu’un merveilleux digne des Mille et une nuits appellerait pourtant d’instinct. La maîtrise du tuilage des sonorités orientales du qânûn, du duduk et de la flûte naï dans le tissu orchestral aux graves riches voire inspirés, prolonge une réinvention de l’assimilation colorée d’un Rimski-Korsakov, et distille une séduction onirique, sous la baguette attentive de Franck Ollu. Dans le rôle-titre, Jeanne Gérard privilégie l’intensité expressive, aux côtés de l’intempérant Khosrow de Julien Behr. Jean-Sébastien Bou assume en Chapour une souplesse et une intelligibilité du chant bien supérieures, dans un rôle sur-mesure, auxquelles répondent la vigoureuse Chamira de Majdouline Zerari et le duo complémentaire des musiciens-conteurs – Nakissâ dans le contre-ténor agile de Théophile Alexandre, et la maturité généreuse du Bârbad de Laurent Alvaro. L’impétuosité de l’architecte Farhâd de Florent Karrer, et du fils Chiroya, par Stephen Mills, ainsi que les interventions du choeur, préparées par Denis Comtet et jalonnant le récit, complètent un kaléidoscope de caractères qui ne fait pas cependant sortir la féerie de Shirine hors des limites d’un simili-réalisme.
Gilles Charlassier
à 20 heures, le dimanche à 16 heures. Durée : 1h45. Tél : 04 69 85 54 54.
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