L’Opéra de Lyon crée le troisième opéra de Thierry Escaich, « Shirine ».
L'Opéra de Lyon crée le troisième opéra de [...]
Cette nouvelle co-production de l’opéra de Haendel vaut d’abord pour sa magnifique distribution, une pléiade de chanteurs dont l’un, Philippe Jaroussky, est descendu de la scène à la fosse. La mise en scène, encore en rodage lors de la première, montre quelques idées fortes, sans toujours parvenir à installer sa vision.
C’est peu dire que l’on attendait les débuts dans la fosse de Philippe Jaroussky, avec sa connaissance des voix, de Haendel, de la musique. Entouré de ses amis musiciens d’Artaserse, qui accompagnent ses récitals depuis vingt ans, il donne à chaque scène une impulsion, une énergie, un cadre dans lequel les solistes peuvent se repérer et évoluer librement. Ce faisant, le chef renonce à imprimer sa propre couleur orchestrale, mais le parti pris se défend au vu de la distribution. Sabine Devieilhe triomphe à raison dans le rôle de Cléopâtre. Sa voix pure, parfaitement agile, transcende les travestissements du personnage. Davantage en retenue, le personnage de César trouve en Gaëlle Arquez une incarnation parfaitement convaincante et, au fil de l’ouvrage, la voix (et les vocalises) du contre-ténor Franco Fagioli s’imposent avec plus de force, suivant en cela l’évolution du personnage de Sextus, qui finira par venger Pompée, son père, en tuant Ptolémée. À l’instar de Lucile Richardot (Cornélie) ou Paul-Antoine Bénos-Djian (Nireno), chacun donne à son rôle de la profondeur.
Quelques images saisissantes
Par la voix surtout car la direction d’acteurs est souvent réduite à quelques tics. La mise en scène de Damiano Michieletto est pourtant riche de quelques images saisissantes, à commencer par ces trois Parques, trois danseuses comme sorties d’un tableau de Cranach, qui reviendront régulièrement hanter le plateau, de même que le spectre de Pompée (rôle muet). Belle idée aussi que ces conjurés – qui pourraient, eux, trouver leur place dans un tableau de Poussin – menaçant plusieurs fois César, jusqu’à la toute dernière scène. Il y avait tout pour conduire une lecture allégorique de l’œuvre, mais Damiano Michieletto ne parvient pas à animer la scène comme les voix et l’orchestre habitent l’espace musical.
Jean-Guillaume Lebrun
Les 11, 14, 16, 18 et 20 mai à 19h, dimanche 22 mai à 17h. Tél. : 01 49 52 50 50.
Durée : 3h15 avec entracte
Reprise (avec Emőke Baráth en Cléopâtre) :
Opéra Comédie. Place de la Comédie, 34000 Montpellier. Dimanche 5 juin à 17h, mardi 7 et jeudi 9 juin à 19h, samedi 11 juin à 20h. Tél. : 04 67 60 19 99.
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