L’Ogrelet

L’ogre est à l’honneur cette année, au Festival d’Avignon. Tandis que, programmé dans le In, Pierre-Yves Chapalain créée Où sont les ogres ?, Christophe Laparra présente au Collège de la salle sa belle mise en scène de L’Ogrelet. Une des pièces les plus connues de l’auteure québécoise Suzanne Lebeau, qui revisite avec finesse la figure de l’ogre afin d’interroger la notion d’héritage. Artiste associé à la Comédie de Picardie, le comédien et metteur en scène incarne lui-même le héros éponyme du texte largement inspiré des contes traditionnels. Soit un garçon de six ans très grand pour son âge, qui vit seul avec sa mère (Patricia Varnay) au milieu d’une forêt et découvre un jour qu’il n’est pas comme les autres enfants.

Un dangereux héritage

Héritée de son père, son « ogreté » – terme imaginé par Suzanne Lebeau pour décrire la pulsion des ogres – fait de lui un danger potentiel pour ses camarades d’école. Heureusement, comme le dit le metteur en scène, « dans l’héritage, on est pas obligé de tout prendre ! ». S’il réussit les trois épreuves qui lui sont soumises, le personnage pourra guérir de sa trop grande faim. Pour accueillir cette fable, Christophe Laparra imagine un élégant univers composite. Dans un écrin entièrement fait de caisses en bois, un écran projette régulièrement un dessin animé, tandis que les comédiens changent de costumes à vue et manipulent masques et marionnettes. Cet Ogrelet a su prendre la bonne part de l’héritage, tout en s’inscrivant dans l’immédiat.

Anaïs Heluin