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Fidèle aux lignes esthétisantes du théâtre en clair-obscur qui l’a rendu célèbre, l’auteur-metteur en scène Joël Pommerat présente sa nouvelle création à Villeurbanne, au TNP. On plonge dans les paradoxes de ce conte fantastique aux visions hypnotiques comme dans la matière ténébreuse d’un rêve qui frôlerait le cauchemar pour nous parler d’amour. Et d’émancipation.
Une étrangeté dense et obscure plane sur ce monde-là. Des voix surgissent, reliées ou non à des corps. Des images stylisées, au dépouillement recherché — d’un raffinement à la fois âpre et fulgurant — apparaissent et disparaissent sans s’installer, entrecoupées de noirs. Tels des flashs, des éclosions mentales ou oniriques, ces éclats d’existence quotidienne ou de chimères tracent, à vive allure, les deux lignes narratives d’un même conte contemporain, voire futuriste : Les Petites Filles modernes (titre provisoire). Dans ce spectacle ambitieux (pour tous publics à partir de 13 ans), Joël Pommerat excède les limites de notre espace-temps pour mettre en miroir différents univers. Le nôtre, au sein duquel vivent Jade et Marjorie, deux adolescentes trouvant dans l’amitié absolue à laquelle elles s’abandonnent une voie d’affranchissement, un chemin vers la connaissance de soi. Et puis, un univers lointain dont deux êtres, transformés en jeunes humains, ont été expulsés pour purger sur Terre une peine d’enfermement et de séparation. Ils ont commis un crime chez eux impardonnable : s’aimer.
Des voix et des présences
Se confrontent aussi, dans cette proposition aux reflets multiples, l’univers des adultes et celui des adolescents, l’univers du réel et celui de l’imaginaire. Chaque nouvelle création de Joël Pommerat est un événement. Les Petites Filles modernes (titre provisoire) ne fait pas exception à la règle. Le geste qui se déploie à travers ce songe existentiel tient toutes ses promesses. Celles d’un théâtre qui porte beaucoup plus loin que l’exigence esthétique et technique qui le caractérise (le cadre de représentation élaboré par le scénographe et éclairagiste Éric Soyer, le vidéaste Renaud Rubiano, les créateurs sons Philippe Perrin et Antoine Bourgain est d’une complexité bluffante). Sur scène, Éric Feldman, Coraline Kerléo et Marie Malaquias glissent d’une vision à une autre dans un ballet proche du vertige. Leurs présences énigmatiques échappent à une forme de concret, de corporalité, pour participer à l’épanouissement d’une atmosphère de mirage. L’essence des émotions qui nous parviennent n’en est que plus vive, que plus saillante. Car derrière l’obscurité de ce monde envahi de blessures se dessine la permanence du lien, unique rempart au vide et à l’incertitude.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au vendredi à 19h30, le samedi à 18h, le dimanche à 15h30. Durée : 1h20. Tél. : 04 78 03 30 00. www.tnp-villeurbanne.com
Également du 18 décembre 2025 au 24 janvier 2026 au Théâtre Nanterre-Amandiers (reste de la tournée sur www.journal-laterrasse.fr).
Pour le site : Également du 18 décembre 2025 au 24 janvier 2026 au Théâtre Nanterre-Amandiers, du 11 au 15 février à L’Azimut à Châtenay-Malabry, les 19 et 20 février au Théâtre de l’Agora à Evry, les 4 et 5 mars aux Espaces Pluriels à Pau, les 24 et 25 mars à la Maison de la Culture de Bourges, les 8 et 9 avril au Canal à Redon, du 14 au 18 avril à la Comédie de Genève, les 23 et 24 avril au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, les 29 et 30 avril à la Maison de la Culture d’Amiens, les 5 et 6 mai aux Salins à Martigues, du 20 au 22 mai au Bateau Feu à Dunkerque, du 3 au 18 juin au TNS à Strasbourg.
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