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Pour un féminisme clairvoyant et lucide : Marjorie Nakache met en scène l’adaptation du roman de Samira el Ayachi et en confie l’interprétation à deux comédiennes inspirées et touchantes.
On félicite les hommes de savoir changer des couches, on s’extasie quand ils font le ménage et on crie au génie quand ils cuisinent des gâteaux d’anniversaire. Les femmes, elles, sont supposées réaliser ces tâches sans peine, comme si l’usage de l’éponge et l’art de pouponner étaient génétiques. Lorsqu’elles ont d’autres occupations, ou qu’elles voudraient jouir de suffisamment de temps de cerveau disponible, on s’étonne qu’elles ne profitent pas de leur capacité réputée naturelle de faire plusieurs choses à la fois… Entre listes de courses et planification de la vie domestique, la matière englue les femmes. Rien de neuf depuis Virginia Woolf : une femme doit disposer « de quelque argent et d’une chambre à soi » pour produire une œuvre. Celle dont Samira el Ayachi raconte la vie est une de ces héroïnes du quotidien, prise entre une thèse à terminer, des cours et des ateliers de comédie à animer, et les soins à prodiguer à Petit Chose, dont elle a la garde quasi exclusive (mater semper certa est), pendant que son géniteur se cherche en tant que père (pater nunquam : excuse de l’évitement !).
Une chambre à soi, un théâtre à tous
Né de la rencontre entre Marjorie Nakache et Samira el Ayachi, le nouveau projet du Studio-Théâtre de Stains s’inscrit dans la tradition d’alarme politique qui l’honore depuis toujours. Il n’y a qu’à Stains que l’on voit le public remercier à la fin, lors des rencontres en bord de plateau, et défendre le spectacle en s’y reconnaissant, même si l’héroïne en scène est une intellectuelle au bord de la crise de nerfs et les spectatrices des mères de famille. Il faut dire que l’interprétation de Farida Ouchani et Gabrielle Cohen est remarquable de justesse, de vérité et d’authenticité. La mise en scène allie le réalisme du jeu à l’onirisme des décors, et accueille le dialogue entre le récit et les témoignages projetés d’hommes et d’enfants, qui viennent répondre et ajoutent à la parole artistique. Les deux comédiennes font merveille pour incarner les personnages de cette quête de liberté. Avec humour et sans aigreur, la revendication échappe à la plainte : sa dignité adamantine se nourrit de la fermeté des convictions. Le Studio-Théâtre de Stains se tient, tel qu’en lui-même, en poète combattant : il n’y a pas plus de liberté sans égalité que de justice sans répartition des tâches.
Catherine Robert
A 14h le 15, le 17 et le 29 novembre, le 2, le 5, le 8, le 13 et le 15 décembre ; à 20h30 le 19 novembre, 5, le 9 et le 16 décembre ; à 15h le 4 décembre. Tél. : 01 48 23 06 61.
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