L’Histoire du Soldat
Omar Porras et ses compagnons masqués [...]
Catherine Hiegel présente une mise en scène conventionnelle de la dernière comédie de Molière, sans originalité ni fantaisie, sinon l’excellente composition de Jean-Pierre Bacri en Chrysale.
Dans le riche cabinet de curiosités que les serviteurs de la maison de Chrysale meublent de caisses remplies de merveilles, Philaminte, Bélise et Armande puisent les objets de leur jouissance intellectuelle, préférant « les beaux feux de la philosophie » à ceux, plus terrestres, de l’amour marital, que la douce Henriette aimerait tisonner avec le fringant Clitandre. Ce beau décor sied à l’intrigue. Une toile peinte, représentant les phases de la Lune, fait office de rideau et suggère avec humour que les égarements cycliques qui prennent les femmes ont souvent tendance à embrumer leur tempérament et leur entendement… Madame a ses appartements à cour et Monsieur est à jardin : dans l’entre-deux, figuré par la scène, Chrysale, soutenu par Martine et Ariste, tâche d’imposer le mariage de sa cadette avec son amant et de déjouer les intrigues de Trissotin, faux savant mais véritable vénal, plus intéressé par la dot d’Henriette que par les conversations éthérées du salon de sa mère…
Des folles un peu trop sages
L’alexandrin est bien traité, les costumes sont raffinés, les comédiens sont justes et sincères : rien à redire à cette mise en scène classique d’un des textes les plus célèbres du répertoire, sinon, peut-être, son caractère par trop conventionnel, qui finit par installer l’ennui, particulièrement pesant pendant l’acte où Trissotin tend les filets rhétoriques dans lesquels il piège les amoureuses du beau langage. L’entrain spirituel de l’intrigue revient néanmoins lorsque Jean-Pierre Bacri entre en scène. Le rôle de Chrysale convient parfaitement à sa complexion comique, bougonne et bonhomme. La vérité avec laquelle il interprète le mari dépassé par les égarements épistémophiles de sa femme est d’une drôlerie épatante, au point qu’on attend son retour plus ardemment qu’Henriette elle-même : celui qui sauve le mariage de sa fille est aussi celui qui sauve la pièce. Pour qui n’a jamais vu Les Femmes savantes et voudrait en découvrir une version de bon aloi, la mise en scène de Catherine Hiegel est instructive. Mais elle relève trop du déjà-vu, et n’offre pas de lecture particulièrement féconde des enjeux de la pièce. Le rire final des savantes, se moquant du mariage, pendant que Martine découvre les plaisirs de l’astronomie, ne suffit pas à comprendre ce que nous disent ces femmes-là des joies et des difficultés transgressives de l’étude.
Catherine Robert
Du mardi au vendredi 20h ; samedi à 17h et 20h45 ; dimanche à 16h en alternance à partir d’octobre. Tél. : 01 42 08 00 32. Durée : 2h.
Omar Porras et ses compagnons masqués [...]