Tartuffe
La création d’Othello par Luc Bondy est [...]
Dans Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet, les comédiens de la fameuse troupe des Chiens de Navarre se transforment en danseurs fous. Une pochade parfois hilarante et sans prétention.
C’était il y a plus de trois ans à la Ménagerie de verre, lors du festival les Inaccoutumés, en novembre 2012. Les Chiens de Navarre y présentaient leur dernière création en date, Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet. On les connaissait alors pour leurs pièces à la table déjantées et cruelles (Une Raclette, Nous avons les machines, etc), mais, surprise, les Chiens annonçaient s’être lancés dans une création chorégraphique. Pas un des chiens n’est danseur de formation et forcément le résultat allait être désopilant, voire même poilant. Installés sur les gradins comme au fond d’un hangar dont le sol était couvert de terre, les spectateurs virent ainsi débarquer les Chiens masqués biguinant sur la Compagnie Créole, partouzant ensuite dans un ballet de voitures mémorable, puis s’enfilant en entier le Boléro de Ravel entre allusions au Sacre du Printemps et autres spectacles de Pina Bausch. Le résultat était effectivement hilarant, qu’on soit connaisseur de la danse contemporaine ou pas. L’esprit carnavalesque était bien là : masques de cochons et de vieillards, esprit orgiaque, parodies et transgressions peuplaient ce show explosif d’une cinquantaine de minutes. A l’instar des danseurs, on finissait épuisé (de rire), même si, comme toujours avec les Chiens, joie et mélancolie s’entremêlaient, l’esprit de déconne s’exhibant comme le pendant d’une société déprimée.
Les Chiens sont lâchés
Ce spectacle avait été créé spécialement pour la Ménagerie, ce lieu parisien qui a contribué à faire éclore au grand jour le talent des Chiens de Navarre. Sans vocation à tourner ensuite, il se voulait une pochade qui concentre l’esprit des Chiens, décidés cette fois à se passer de mots. Mais son succès fut si grand qu’il a été programmé à de multiples reprises depuis. Un peu surprenant tant Les danseurs… apparaît comme une initiative sans prétention, certainement bien moins porteuse de sens que ne peuvent l’être les formes plus théâtrales développées par la compagnie. Mérité en même temps puisque la liberté si rafraîchissante des Chiens s’y exprime sans entrave. Sortant du spectacle, on avait l’impression que les Chiens s’y étaient lâchés sans se censurer, s’étaient créé un espace rien qu’à eux – hors attentes institutionnelles et de goût – pour s’en donner à cœur joie, comme pour faire rire les copains, ou réaliser des envies peut-être si longtemps refoulées qu’elles s’exprimaient avec une énergie explosive et une folie renversante. Une parenthèse un peu gratuite certes, mais ô combien régénérante.
Eric Demey
Mardi 16 février à 20h30
Tel : 01 30 96 99 00. Durée : 50mn.
L'apostrophe-Théâtre des Louvrais, Place de la Paix 95000 Pontoise. Le 4 février à 19h30, le 5 à 20h30. Tel : 01 34 20 14 14. La Ferme du Buisson, Allée de la ferme, 77186 Noisiel. Samedi 13 février à 20h45. Tel : 01 64 62 77 77.