… Avec vue sur la piste
Submersion de talents à La Villette : la [...]
Poursuivant un cycle sur l’adolescence, Mathieu Roy nous emmène dans un collège de banlieue où un écrivain se trouve, comme on dit dans le jargon cultureux, « en résidence ». Un choc des cultures en naît, parfois un peu convenu.
Dans l’arsenal des politiques publiques croisant encouragement de la création artistique et action culturelle en direction des jeunes publics, il existe des résidences proposées à des écrivains, qui, en échange de quelque 1500 euros mensuels, s’engagent à travailler dans un établissement scolaire quelques jours par semaine, pour y écrire et sensibiliser le public des élèves à la création littéraire. Fabrice Melquiot a-t-il pris part à l’un de ces dispositifs ? On pourrait le penser tant Days of nothing semble sentir souvent le vécu. En effet, à de nombreuses reprises, Rémi Brossard, le personnage de l’écrivain, se demande ce qu’il fait là, et part à la rencontre de collégiens à qui il parle écriture et mystère de la création, tandis que ce qui les intéresse surtout, c’est l’argent et la célébrité. Ce genre de dispositifs peut certainement provoquer de véritables chocs des cultures, sur lesquels d’ailleurs leurs concepteurs doivent tabler, chocs que Fabrice Melquiot ne se prive pas de transformer en situations comiques. Un peu trop peut-être. Ou de manière attendue. Un jeune collégien un peu racaille, un peu perdu, aussi provocant qu’attachant, vient ainsi régulièrement perturber le travail de l’écrivain. Le gamin a l’insolence et la tchatche, l’art de la réplique, trop sans doute, pour que les joutes verbales ne nous tiennent pas extérieurs à la relation qui se noue.
De duels en duos
Au passage, notons qu’Hélène Chevallier incarne avec brio ce corps adolescent qui changera de sexe à la faveur des rebondissements de l’histoire. Adepte du théâtre immersif s’emparant des nouvelles technologies, Mathieu Roy a mis en place une scénographie assez simple où l’essentiel se joue à l’intérieur d’une salle de classe, tandis que projections vidéo et effets sonores animent la vie du collège. Succèdera au jeune garçon révolté celle qui affirme avoir été son amoureuse et sera à peine plus accommodante avec notre écrivain. De duels en duos, l’histoire fait petit à petit métaphore et donne à réfléchir sur la création et sur la vie, mais souffre jusqu’au bout d’un caractère trop stéréotypé pour être vraisemblable. N’empêche, l’ensemble est habilement conduit, joué et mis en scène ; dynamique et maîtrisé, d’une teinte pessimiste, le parcours mène par bonheur ce théâtre pour adultes et ados loin du politiquement correct.
Eric Demey
du mardi au jeudi à 20h, vendredi et samedi à 19h, dimanche à 16h (relâche lundi). Tel : 01 40 03 72 23. Durée 1h. Spectacle vu au théâtre du fil de l’eau à Pantin.
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