Les Pieds tanqués de Philippe Chuyen
Philippe Chuyen organise un original chœur [...]
Texte culte, référence incontournable du théâtre contemporain, Le Théâtre et son double d’Antonin Artaud va être porté à la scène par Gwenaël Morin et une troupe de 8 comédien.nes. Un projet compliqué, à la folie menaçante, selon le metteur en scène.
Comment vous est venue cette idée d’adaptation ?
Gwenaël Morin : Avant mon départ du théâtre du Point du Jour, que je dirigeais à Lyon, je suis tombé sur un exemplaire du Théâtre et son double, que je n’avais pas lu depuis longtemps. Et j’ai redécouvert qu’y figurait une liste de neuf pièces qu’Artaud avait projeté de programmer au Théâtre de la Cruauté, théâtre dont il avait le projet après avoir animé le Théâtre Alfred Jarry en compagnie de Roger Vitrac. Soit neuf projets de pièces, une adaptation d’un apocryphe de Shakespeare derrière lequel se cachait André Gide, un extrait du Zohar, un conte de Sade et d’autres textes encore qui auraient constitué une première saison. Comme j’avais pu le faire avec les Molière de Vitez, j’ai eu envie de traverser ce projet dans toute son étendue.
Que reste-t-il aujourd’hui de ce projet initial ?
G.M. : Avec Philippe Quesne, nous avons ensuite décidé de porter à la scène l’œuvre théorique d’Artaud, c’est à dire de tenter d’adapter directement Le Théâtre et son double pour la scène. Philippe a imaginé une immense bulle comme scénographie, entre la bâche agricole, le coussin et l’espace mental, dans lequel entrera le public. Une sorte de double du théâtre, à l’intérieur du théâtre, qui paraît vouloir en pousser les murs.
Comment allez-vous adapter ce texte, à la fois théorique et poétique ?
G.M. : Très honnêtement, je ne sais pas encore. Les choses ne cessent de bouger. Tous les jours nous recommençons à zéro. Nous sommes pris entre le néant et le chaos. On se demande comment on ne va pas devenir fou ! Nous avons essayé de créer un spectacle-voyage à travers l’œuvre, mais nous sommes confrontés à un auteur qui nous demande de gesticuler comme des suppliciés sur un bûcher. C’est un texte quasi-religieux. Ce texte, on a l’impression de le connaître, mais ce n’est qu’un abîme de poésie. En faire un spectacle, c’est impossible.
Quelles sont vos pistes ?
G.M.: Ne pas tomber dans une représentation caricaturale d’Artaud. Approcher l’œuvre avec douceur. Éviter le théâtre vociférant. Mettre en place des formes de rituel. Faire appel, peut-être, à la participation du public comme nous l’avions fait pour Re-Paradise. Peut-être créer ce Parc Antonin Artaud que Philippe Quesne avait fantasmé dans La Mélancolie des dragons. Il faut à la fois dire le texte et en provoquer l’expérience.
Propos recueillis par Eric Demey
à 20h, le samedi à 18h, relâche le dimanche et le lundi. Tel : 01 46 14 70 00.
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Dans le cadre de la thématique Transmission [...]