La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2013 - Entretien Bruno Boussagol

Le théâtre comme lieu d’instruction

Le théâtre comme lieu d’instruction - Critique sortie Avignon / 2013 Montfavet GRAND THÉÂTRE de MONTFAVET
© Michel Bouthors

Texte Jean-Louis Debard / mes Bruno Boussagol

Publié le 27 juin 2013 - N° 211

Bruno Boussagol poursuit son œuvre théâtrale conjuguant ambition esthétique et politique, visant à une prise de conscience des citoyens à défaut d’un véritable  débat politique autour de l’industrie nucléaire. Il met en forme un procès suite au crash d’un avion de ligne sur la Centrale du Blayais en Gironde. 

« J’ai toujours considéré le théâtre comme un « service public » célébrant la mémoire du futur. »

Après dix spectacles consacrés à Tchernobyl, dont  Elena ou la Mémoire du Futur et  La diagonale de Tchernobyl, qui a mené votre compagnie jusqu’à Volodarka, un village d’Ukraine proche de la Centrale, qu’est-ce qui vous pousse à créer un nouveau spectacle sur l’industrie nucléaire ?

Bruno Boussagol : Très nettement la désinformation suite à la catastrophe de Fukushima ! Je suis de ceux qui consacrent leur vie depuis 20 ans à alerter l’opinion sur les conséquences irréversibles d’un accident nucléaire majeur. Après Tchernobyl, le lobby nucléaire avait juré qu’il n’y aurait plus jamais de catastrophe. Depuis Fukushima le discours a changé. Désormais, le lobby prépare les populations à la possibilité d’autres accidents tout en affirmant renforcer la sécurité d’installations de plus en plus anciennes. C’est un devoir démocratique que le théâtre s’empare d’une problématique qui nous concerne tous : notre avenir contaminé.

Pourquoi avez-vous choisi cette forme particulière du procès après la catastrophe ?

B. B. : Nous sommes en 2018, trois ans après le crash d’un avion de ligne sur la Centrale du Blayais en Gironde. Une dizaine de contributeurs spécialistes du nucléaire, de l’aviation civile, du droit et du théâtre ont épaulé Jean-Louis Debard dans l’établissement des « minutes » de ce procès. L’intérêt du procès réside dans sa forme populaire. En l’occurrence, le public est d’emblée au cœur de la question de la responsabilité de l’Etat. J’ai toujours considéré le théâtre comme un « service public » célébrant la mémoire du futur.  Mais je ne suis pas dupe : si ce procès est pensable comme fiction, il serait un impossible procès si l’accident majeur survenait.

Comment se déroule le procès ?

B. B. : Sur scène un tribunal que nous installons « à vue » durant l’entrée du public. Le Président (Patrick Gay-Bellile) ouvre la séance. La procureure (Véronique Pilia), l’avocat (Jean-Louis Debard) et le prévenu Monsieur le Très Haut Commissaire à l’industrie nucléaire civile (Bruno Boussagol) vont argumenter. Une narratrice (Noémie Ladouce) intervient entre chaque séquence. Après 1h30, nous interrompons arbitrairement ce procès. Ceux qui veulent quitter la salle le peuvent. Une seconde partie d’environ une heure permet que victimes, experts, professionnels, syndicalistes, spectateurs témoignent à leur tour à la barre.

Quelle est votre ambition avec ce spectacle ?

B. B. : Celle de montrer ce qu’aurait pu être le Festival d’Avignon : une Agora théâtrale populaire traitant avec le public des grandes questions qui agitent ce monde. En louant une salle de 500 places disponible durant 3 heures, nous faisons un pari fou : que la population, et en particulier celle de la vallée la plus nucléarisée du monde, s’empare de ce spectacle pour théâtraliser un débat démocratique interdit depuis 50 ans.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

L'Impossible procès
du lundi 15 juillet 2013 au dimanche 21 juillet 2013
GRAND THÉÂTRE de MONTFAVET
246 Rue Félicien Florent Montfavet

Avignon Off, L'Impossible procès, GRAND THÉÂTRE de MONTFAVET du 15 au 21 juillet à 16H30 précises
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